Les champs sont constellés de points blancs au printemps
Qui s’élèvent au vent, ô , les papillons blancs !
Entendez-vous le battement fait par leurs ailes ?
Inass – inass – inass ; c’est leur doux chant pour celle
Qui fut laissée au champ et devint papillon
Et mon cœur et mon âme entendent leur chanson.
O la fillette seule !
O la fluette belle !
Fillette-chrysalide
Ficelée et rigide
Ses parents l’ont laissée !
Ils se sont envolés
Elle s’est élevée
En papillon de verre
Si vite fracassé
Et ses pensées légères
O les pensées légères
De l’enfant de quatre ans !
Légères
O si légères
Avant de léviter
Ont voulu se poser
Enfin se reposer
Sans se faire abîmer
Refiler le cours du temps
Refaire le fil d’avant
Renfiler les mots brisants :
MAIS / POURQUOI/MES PARENTS/ M ONT/ BATTUE / TOUT/ LE TEMPS ?
Puis, ils sont bien partis,
Les papillons de nuit,
D’Inass- inass- inass,
Enfuis – enfuis – enfuis
Mais leur beau chant nocturne
Le chant de l’infortune
L’enfance massacrée, tuméfiée, suppliciée,
Moi, je l’entends encore
Surtout quand vient l’été ;
Je marche dans les champs
Je vois des boutons d’or
Qui se mettent à voler
Mais je m ’étais trompé :
C’était des papillons
Des papillons dorés
Les souvenirs d’ Inass
Revenus tournoyer
Pour moi virevolter
Dans la nuit constellée
Me faire réécouter
Leur beau battement d ‘elle
Le chant de l’ enfant mort
Qui jamais ne me lasse :
Inass – Inass – Inass .
.
Un texte de plus poignants. Bravo et merci…