Il neige. Comme un ballet incessant, orchestré par une bise cinglante, les flocons virevoltent par myriades et s’immolent sur la terre gelée. Il neige ! Voici venir le crépuscule ; les dernières pâleurs du jour se dissipent et la nuit glaciale couvre de son manteau, comme un suaire un monde qui se fige. Il neige ! il pleut du silence sur la campagne. Les arbres dénudés dessinent d’étranges squelettes de branches enchevêtrées qui se tordent sans plainte sous le vent. Il neige! La terre assombrie par la nuit, s’habille lentement de lumière sur une nappe immaculée d’étoiles scintillantes. Les quais de la Seine, où sont arrimées quelques péniches, s’invitent aussi à la métamorphose. Tout est silence, tout est lumière ce soir. Il neige ! Je me hasarde à la promenade, avec un regard et une âme d’enfant heureux. Je me compose une belle, douce et harmonieuse symphonie imaginaire que j’écoute et ancre dans ma mémoire tout en contemplant les flocons danser comme des notes joyeuses sur une partition. Je marche ; j’entends mes pas crisser. Il faut rentrer sans se hâter. La nuit sera belle, longue et glaciale. Il neige toujours.
Philippe DARGNIAT ( 12 Septembre 2017)