IL NE LEUR MANQUE QUE LA PAROLE – Chap5 (à suivre) – Véronique Monsigny

CHAPITRE 5 – Chacun son tour

 La vie passe, certains partent, d’autres arrivent…

Câline se roule en boule dans le grand panier de Charly. Depuis qu’il n’est plus là, la chatte est triste comme une bête en peine.

Un soir, Charly ne s’est pas levé pour la gamelle. Depuis quelques jours, il n’allait pas fort. Câline avait bien tenté de lui apporter quelques morceaux de nourriture. Elle avait même réussi à faire rouler la balle jusqu’au panier. Mais le pauvre Charly l’avait regardée de ses grands yeux larmoyants et elle avait compris, d’instinct, que rien ne les réanimerait. Alors elle a passé la nuit près de lui, à le veiller, et au matin, elle est allée miauler à la mort devant la porte des maîtres insouciants du drame.

Tout le monde avait pleuré, sauf Chéri qui était pourtant le plus proche humainement parlant bien sur ! Depuis, il ne mangeait plus et n’allait même plus courir : « Oh ! tu sais sans lui, ce n’est plus pareil » avait-il dit à Madouce.

Câline, pour le consoler lui fait comprendre qu’elle veut bien l’accompagner « dehors ». Pourtant elle en tremble de peur. Heureusement, Chéri a décliné sa proposition en la gratifiant d’une longue caresse. Depuis, les relations entre Chéri et Câline se sont resserrées.

Madouce aussi est triste bien sûr, mais depuis l’arrivée du bébé, elle s’est transformée en Maman-poule. Câline en est un peu jalouse mais pour rien au monde ne le montrera. La dignité est à ce prix.

  • Charly, si tu savais comme tu me manques ! je ne sais plus avec qui miauler. Eux, ils ne me comprennent pas. J’ai beau leur dire que je suis triste moi aussi, ils m’ont chassée du bureau qui est devenu la chambre de « Justine ». Et même le lit de Madouce m’est interdit parce qu’elle « allaite ». C’est quoi ça ? Elle garde le bébé sur sa poitrine pendant un temps infini. Comme elle me faisait avant, sauf que moi je n’avais pas droit à la douceur de sa peau, juste aux poils de ses pulls. Ah mon bon Charly, j’ai trouvé refuge dans ton grand panier et ton odeur me console de l’ingratitude des hommes… et des femmes.

Quelques mois plus tard, à l’époque où ils sortent le grand truc vert qui perd ses piquants et qu’ils habillent de toutes les couleurs, Madouce a déposé au pied de ce qu’ils appellent le « sapin », un petit panier. Dedans, une couverture qui se soulève doucement et régulièrement.

Chéri a pris le panier et a soulevé la couverture avec une infinie douceur (comme avec le bébé). Puis il se recule, les yeux ronds, la bouche ouverte et s’assied sur le canapé le plus proche. Celui, entre parenthèses, où Câline somnolait. Du coup la chatte se lève d’un bond, recule, s’étire des pattes aux oreilles et se rassoit histoire de voir la suite de l’événement.

  • Et bien, Chéri, tu n’es pas content de ton nouveau compagnon ?Ca fait six mois que tu pleures la mort de ton Charly. Je te présente Mao. Il a deux ans. Je n’ai pas voulu prendre un chiot, à cause de Justine. Je suis allé le chercher à la SPA.
  • Il est adorable, mais c’est quoi ? un chihuahua ?
  • Miaou ! s’étrangle Câline. Un Tchii Ouah Ouah ! Ça va pas être possible. Déjà, que Madouce ait eu l’idée de remplacer mon Charly, c’est révoltant. Mais un chien qui fait Tchiii ! comme un chat et Ouah ! comme un chien. Quelle arrogance, il se prend pour qui ?
  • Non, c’est un Pékinois, un Epagneul-Pékinois, ou Pékinois-Epagneul, je ne sais plus…
  • Miaou ! C’est un comble. Non seulement ils mélangent chats et chiens mais ils métissent les pedigrees : sino-ibérique. Nous voilà bien ! Dans quelle langue il va aboyer celui-là ?
  • Il est adorable. Je te remercie Madouce ! (Bisous-câlin, mais sans Câline) … Mais avec Justine, tu ne crains pas…
  • Oh, ne t’inquiète pas : il est habitué à vivre avec des enfants. Ses anciens maîtres avaient des jumeaux. Ils l’ont abandonné pour partir en vacances parait-il !
  • Tchii ! Tout va bien alors. Si Justine est contente, moi je peux toujours me frotter contre les portes… En tout cas, il ne prendra pas le panier de mon Charly. Celui-là je me le réserve… Sinon on n’attend pas les vacances pour « l’abandonner » nous aussi ! qu’il se le dise !

(à suivre)

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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Invité
2 juillet 2017 12 h 41 min

Beau texte, félicitations , j’aime les animaux