“IL NE LEUR MANQUE QUE LA PAROLE.” – Chap4 (à suivre) – Véronique Monsigny

CHAPITRE 4 – Chacune ses langueurs

 

–        Ouaf ! Mais qu’est ce qui te prend Câline ? Mademoiselle fait la mystérieuse maintenant ?

–        Je ne fais pas la « mystérieuse » comme tu dis ! je préserve mon territoire.

–        Ça, c’est nouveau ! Jusque-là, il me semblait que tu envahissais plutôt celui des autres…  Tu deviens féline, et ce n’est pas un compliment dans ma gueule, crois-moi ! tu ne joues plus, tu dors presque toute la journée, et quand les « invités » arrivent, tu vas te cacher sous le lit de Madouce et Chéri. Qu’est-ce que tu nous joues là ?

–        Oh toi bien sûr, tu lèches les mains de tout le monde, même ceux que tu ne connais pas. On ne sait jamais, n’est-ce pas, une petite caresse par ci, une petite douceur par là… je ne suis pas une chatte facile moi, Monsieur !

–        Ouaf ! et bien en attendant, tu t’arrondis à vue d’œil. Tu fais du lard jeune fille, méfie-toi !

–        Oh ça va !  Madouce aussi et personne ne lui dit rien. Au contraire, Chéri la dorlote, tout le monde est tous sourires en regardant son ventre. Chéri n’arrête plus de poser sa main dessus. J’aimerais bien qu’il me fasse pareil !

–        Oui, sauf que le ventre de Madouce, lui, il est plein, pas le tien !

–        Quoi, Tu veux dire quoi ? Que j’ai le ventre mou et vide ? mais je n’arrête pas de leur réclamer à manger, c’est eux qui ne veulent m’en donner que le matin et le soir !

–        C’est pas ça dont je te parle, bébête.  Dans le ventre de Madouce il y a un bébé. Pas dans le tien…

–        Un bébé ! la pauvre ! pourtant je croyais que Chéri l’avait emmenée se faire pincer chez le Véto.

–        Ben il faut croire que non ! en tout cas, ça les rend joyeux tous les deux, c’est déjà ça. Et je trouve que Madouce est moins « gaga » de toi. Elle va avoir d’autres chats à fouetter !

–        Tchii ! n’aboie pas ça ! déjà qu’elle me bat froid, manquerait plus qu’elle me batte tout court !… Mais comment sais-tu que je n’ai pas de bébé dans mon ventre, moi aussi ?

–        Oh ! tu sais, ces choses-là se sentent, mon flaire me le dit, c’est tout.

–        Ah bon ! si tu le dis… la prochaine fois qu’ils voudront m’emmener chez le véto je ne me laisserai pas faire. Moi aussi je voudrais savoir ce que ça fait d’avoir le ventre plein.

–        Ouaf ! Nom d’un chien ! Ne nous fais surtout pas un coup pareil. Une chatte dans la maison passe encore, on s’habitue. Et puis tu es presque adulte aujourd’hui. Recommencer avec une portée de mioches qui me sautent dessus pendant la sieste : ça je ne le supporterais pas.

–        Oh ! quel vieux cabot tu fais. Allez ! Je vais me reposer un peu, tu me fatigues.

–        Oui, et bien moi aussi. Je ne me sens pas très bien aujourd’hui. A la promenade, je n’ai pas pu suivre Chéri, malgré tous mes efforts.

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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