“IL NE LEUR MANQUE QUE LA PAROLE” – Chapitre 3 (à suivre) – Véronique Monsigny

CHAPITRE 3 –   Chacun sa place

 

Câline entre dans le salon, toute dolente, d’une démarche pénible qui n’a plus rien de féline.

  • Charly, regarde ce qu’ils m’ont mis
  • Ouf ouf ! une culotte, mazette !
  • Tu rigoles, mais ils sont fous ou quoi ? Ils n’ont plus qu’à ajouter le bonnet à pompon.
  • C’est peut-être ta Douce qui est en mal de bébé ! ouf ouf ! non, sans rire, il t’a fait quoi le Véto ? A part le relookage, bien sûr ! ouf ouf !
  • – Tchiii !
  • Oh mais Mademoiselle crache maintenant, tu deviens susceptible ! Allez, raconte !
  • Ben ! il ma pincé les fesses figure- toi et ça m’a piqué. Après, je ne sais plus. C’était si horrible que je me suis endormie.
  • Et tu te réveilles empaquetée… ouf !
  • Tchiii !
  • En tout cas, ici, c’est rudement calme, Babeth est redevenue Madouce et Théo son Chéri. Ils ne leur manquent que de ronronner…
  • Ah, je t’en prie. Le ronron, je suis la seule à savoir et j’y tiens… Moi aussi je me sens toute calme, même plus envie de faire une partie de Chien-chat… Dis donc, peut-être que le véto lui a aussi pincé les fesses à Madouce !
  • Chéri à l’air de trouver ça bien
  • Alors, satisfaite de mon Pince-fesse.
  • Ouf ! ben ce que je vois, c’est  que toi tu ne cours plus partout, Madouce ne pleure plus, Chéri la laisse se reposer, et pendant ce temps-là, nous allons nous promener « entre hommes » comme il dit. Ça, je ne sais pas si c’est vraiment un compliment, mais bon, il faut faire des concessions avec les maîtres, pour avoir la paix et une bonne gamelle.

Câline reste rêveuse une moment, puis :

  • Dis donc, c’est comment « dehors », derrière le rideau ? j’ai beau renifler en dessous, je ne vois rien !
  • Oh ! dehors, tu sais, c’est du sport. Il faut faire attention où on met les pattes, sinon on se les fait écraser. Et puis, il faut traverser les rues au bon endroit et au bon moment, pour ne pas se faire renverser. Tout un apprentissage avant de devenir un « citadin ». Moi, ça va, j’ai appris tout jeune à marcher « aux pieds ». C’est quelque chose que les chats comme toi ne peuvent pas comprendre. Vous, c’est toujours « devant » et dans les jambes. Madouce a beau te le répéter, tu ne peux pas t’en empêcher. Un jour tu la feras tomber… Alors, « dehors », pour toi, oublie !
  • Oui, et bien moi, au moins on n’a pas besoin de me sortir le matin, ni de « m’apprendre le caniveau », ni même de me laver. Je suis autonome dans mes petits besoins.
  • Oh, ça va, elle te fait la “pattu-cure” régulièrement, comme à moi. et toi, t’es moins sage que moi !

Madouce entre dans la pièce. Câline prend la pose de circonstance.

  • Oh, ma Câline, que tu es gracieuse ! regardez comme ses yeux sont verts amande comme les doubles rideaux. Et son poil, brillant et doux comme de la soie. Viens me faire un câlin ma beauté ! Je suis si heureuse que je voudrais apprendre à ronronner comme toi.
  • Rrrrrrrrron ! Ah mais c’est un complot ! je suis sûre que c’est Charly qui leur a mis cette idée en tête : imiter mon ronron. Mais je ne peux pas m’en empêcher, quand je la vois, je fonds littéralement. Pas moyen de lui résister.
  • Tu sais ma Câline, demain, on va retirer tes bandages. Tu seras libérée. Tu pourras gambader à nouveau. Mais plus raisonnablement, hein, tu me le promets ?
  • Bon, enfin une bonne nouvelle. Elle va me démailloter. Avec les maîtres, il faut juste être patients. Je commence à apprendre.

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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Anne Cailloux
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26 juin 2017 21 h 09 min

J’adore ce décalage….Comme je vous comprends..