CHAPITRE 5 – Les copains d’en l’air
– Maouh ! Tu es toujours content, toi l’oiseau ! Tu siffles du matin au soir. Moi, si je devais ronronner 10 heures par jour, je pense que je m’écroulerais.
– Que oui, que oui mon matou. La vie est belle comme un coup d’aile tu sais. Si tu ne te plais pas à un endroit, il te suffit d’aller voir ailleurs.
– Moui, bien sûr, pour vous cela semble facile. Depuis que je vis ici, tous mes copains s’en vont en l’air : l’abeille, la mouche, le papillon, toi l’oiseau… Et moi, je reste au ras des pâquerettes. Vous me déprimez avec vos airs de monte-en-l’air. Du temps du Bon-vieux-Charly et de Mao-sait-tout, je ne rêvais pas de grands espaces, j’avais les pattes sur terre. Mes maintenant je rêve de partir… là-bas !
– Ben, couic mon matou, ils t’ont coupé les ailes on dirait… non, ne t’en va pas, je plaisantai. Bon, écoute, je ne te promets pas le grand bon, mais tu peux t’élever un peu tout de même, avec un peu d’imagination.
– Mais comment ? Je voudrais bien t’y voir si je te demandai de courir ventre à terre.
– Bon déjà, pour commencer, viens me rejoindre sur cette branche. Ça je sais que tu peux le faire. Quand tu venais nous embêter pendant la nidification, tu nous as fait assez peur…
– Moh, je suis désolée mais je n’avais jamais vu personne construire sa maison… Et pourtant vous aviez l’air si fragiles. Je me souviens, la première fois que je t’ai vu, tu portais des brins d’herbes, des brindilles plus grosses que toi, tout ce que tu pouvais trouver… Je suis tout de suite tomber en admiration. Ici, tout le monde travaille pour se nourrir, pour construire sa maison. Vous formez des familles et vous vous entraidez… Mouha ! Je suis comme la reine des abeilles, on me nourrit, on construit ma maison. Je suis caressée dans le sens du poil. Je trouvai cela bien confortable jusqu’à maintenant… Mais je me demande si je ne passe pas à coté de quelque chose d’important… le ciel peut-être !
– Tralala lala l’alaire ! viens ici mon matou, je vais t’ouvrir des horizons
Câline s’assied sur ses pattes arrière, se dodeline de droite à gauche plusieurs fois… et hop ! elle saute dans l’arbre, à côté du pinson.
– Eh ! bien, voilà mon matou, tu as quitté le plancher des vaches. Bienvenue dans le domaine des gens libres !
– Oh, que c’est beau ! regarde au-dessus de nous : l’arbre nous couvre d’une dentelle de feuillage et la lumière tombe en pluie. Cela me rappelle le feu d’artifice de l’année dernière. Qu’est-ce-que j’ai eu peur ! un vacarme, pire que le matin quand vous vous réveillez…c’est tout dire !
– Oh ! ne m’en parle pas mon matou, cette pluie d’étoiles qui tombe du ciel avec un vacarme d’orage apocalyptique… j’ai des œufs qui se sont fêlés… certains de mes cousins sont devenus sourds, d’autres ont perdu leur trille… Je préfère ne plus en parler si tu veux bien.
– Oui mon Pinson, chante-moi plutôt ta chanson. C’est toujours la même mais je ne m’en lasse pas.
Bon, maintenant, ferme les yeux mon matou… et imagine que tu voles avec moi …
– Mahou ! je ne peux pas, je suis trop lourde…
– Mais non, oublie tout ce qui te retiens… imagine les nuages, tu es assise dessus, ils te portent…
– Maih ! oui, je sens que je deviens toute légère, je m’envole…
– Et bien maintenant, suis-moi mon matou… Non je ne t’appellerai plus comme ça, Je sais que tu détestes ça. Tu seras « Fend-la-bise », ce sera ton nom d’oiseau. Tu veux bien…
– Oui, Fend-la-bise, cela me plait… Et maintenant on fait quoi ?
– Mais tout ce que tu veux Fend-la bise. Si tu veux monter plus haut tu regardes le ciel. Si tu veux redescendre, tu regardes la terre. Pareil si tu veux aller à droite ou à gauche. Tu vas où ton regard te porte…
– Mouimoui ! ça y est, je suis libre…
– Oui, bon maintenant il faut rentrer mon matou… euh je veux dire Fend-la-bise. Pour une première fois cela suffit. Et puis il est temps pour moi de partir chercher à manger. A demain !
– A demain Pinson ! merci