I wanna end me – Camille Marsan

 

« I wanna end me »

               Comment cela a-t-il commencé ?

M’en souviendrai-je un jour ? « I wanna end me »

Pourtant je me souviens des bons moments, des moments qui respirent l’odeur des jonquilles et qui ont le goût sucré du miel. Ces moments de joie, ivres d’euphorie à en vomir, saoulées par les rires incandescents des personnes que nous aimons tant. Alors je vous repose la question… comment cela a-t-il bien pu commencer ?

               Voici la recette : prenez une déchirure familiale, ajoutez à cela une fâcheuse tendance à la dépression, agrémentez le tout d’un décès à l’effet aussi destructeur qu’une bombe, ayez des amis toxiques, détruisez votre confiance en vous, en vos capacités, en vos rêves, pulvérisez votre enfance, écrasez vos idéaux sous le poids étouffant de la vie, et le tour est joué. Vous êtes habitée par des démons qui ont profité de la moindre faille pour venir vous hanter à jamais. Vous êtes devenue dépressive et les pensées suicidaires ne cessent de vous effleurer l’esprit.

               Vous réfléchissez alors… prendrez-vous un couteau ? une corde ? un dernier cocktail ? Êtes-vous déjà morte ? « I wanna end me »

               Vous êtes ennuyée, très ennuyée ; les gens vous saoulent, ils vous gênent, la routine aussi bien ordonnée que le tic-tac de votre montre vous consume. Vous étouffez. Alors vous vous mettez à fumer ; beuh ? tabac ? Qu’importe ! Tant que la fumée vous brûle plus vite que la routine. Pleurez. Larmes, crises de paniques, cris assourdissants ; tristesse ? malheur ? douleur ? Qu’est-ce que ça peut bien faire ? Ils ont la même couleur : la couleur si profonde et si sombre, tel un trou noir, du désespoir. Vous avez une barre de fer constante dans la gorge et toujours cette petite voix : « I wanna end me ».

               Les gens vous regardent comme si vous étiez un monstre. Êtes-vous un monstre ? Vos yeux gonflés et vos cernes bleutées vous défigurent. Vous auriez aimé être plus belle. Non… vous tueriez pour vous aimer, pour être un canon de beauté, désirée, adorée par votre propre personne. Mais vous vous haïssez, pourtant, vous ne pouvez-vous empêchez de vous regarder avec pitié, et de vous mouvoir avec ce genre d’affection nonchalante, qui vous donne envie de mourir sous votre couette en vous serrant plus fort, bien plus fort que cette corde autour de votre cou.

Les gens ne vous comprennent pas et vous êtes persuadée qu’ils ne vous comprendront jamais. Vous avez raison. Ils sont trop bêtes et aveugles pour comprendre. Vous aimeriez être une peste. Vous le deviendrez. Vous êtes horrible au final, mais seulement envers vous. Vous vous scarifiez. Heureusement que votre chat est là pour vous couvrir ; les excuses seront plus simples à trouver. Vous êtes si gentille et les autres si aveugles. Qu’est-ce que ça peut bien faire que je me fasse du mal ? Au fond, vous voulez que les autres s’en rendent compte. Vous aimeriez voir une main aimante et bienveillante se tendre. Mais, ils vous poseront des questions, vous harcèleront, vous contiendront sous la pression de leur amour dégoûtant. Vous voulez juste et simplement que quelqu’un s’assoit à côté de vous, regarde ce paysage si désolant avec vous et vous tienne la main. Vous avez juste besoin de sentir une présence. Cette présence. Vous préfèrerez peut-être qu’ils ne voient rien, ça vous confortera dans l’idée que vous faire du mal est tout ce qu’il vous reste comme sensation. Vous êtes une ruine. Vous vous effondrez. Vous essayez d’arrêter de manger car vous priver vous donne au moins le potentiel d’entretenir votre corps. Vos yeux gonflés et votre voix inaudible crient « I wanna end me ». Vous vous sentez super, super, super suicidaire et vous aimeriez vous tuer au moins pour savoir au diable, pourquoi vous êtes venue au monde, seule.

               Vous voulez arrêter ce massacre qu’est votre cœur ; il n’a jamais autant saigné que maintenant. Vos poumons se remplissent de ce sang de malheur, de douleur, de peine et de haine. Vous crachez votre vie rougit par les épreuves tortueuses et les rêves poignardées. Vous voulez arrêter cette cacophonie qu’est votre esprit, ce désastre qu’est votre vie. Vous espérez ne pas vivre aussi longtemps. Vous espérez laisser vos rêves en suspens. « I wanna end me »

Viendra-t-elle cette personne qui vous tendra sa main ? Vous vous sentez tellement seule que vous en venez, au-delà de vous-même, à haïr vos propres amis. Ils ne vous regardent plus comme avant. Vous auraient-t-ils oublié ? Ils ne vous aiment plus comme avant. Ils vous ont oublié. Ils ont oublié votre sourire et votre beauté. Ils ne voient que votre haine envers eux. A qui la faute ? Vous voulez en finir avec vous. Les gens vous dévisagent. Vous êtes parano. Personne ne vous regarde. Personne ne vous veut du bien. Personne ne vous aime, ne vous a aimé, et ne vous aimera jamais. Vous avez tellement été seule. Est-ce que quelqu’un s’accrochera à vous un jour, à votre personne ? Mais comment un être charnel pourrait s’attacher au vide que vous êtes ? Vous êtes bipolaire, dépressive, suicidaire. Qui pourrait vous aimer ? Je vous le demande. « I wanna end me »

C’est pour cela que vous espérez inconditionnellement le jour où vous aurez la force, où vous aurez le courage où le coup de folie viendra pour que vous puissiez enfin… vous tuer. Au fond, vous voulez que les gens souffrent. Si vous vous tuez, c’est pour simplement sentir l’odeur que vous laisseriez derrière vous, en espérant qu’elle hantera tous les gens en qui vous avec eu foi, et qui vous ont trahit. Vous voulez les faire payer. Vous n’êtes pas encore rassasiée du goût amer de leur souffrance. Vous vous en nourrissez. Comme un vampire vous êtes obsédé. Vous devez vous en nourrir. Votre vie en dépend. Mais que dis-je ?! Vous êtes déjà morte ! Vous voulez faire payer les provocateurs, les menteurs, les manipulateurs, les désillusionnistes, ceux qui ne vous ont pas compris, qui ne vous ont pas écouté, ceux qui vous ont ABANDONNÉ ! Vous voulez les faire payer ! Là ! Vous êtes une peste. Là ! Vous êtes horrible envers les autres mais vous vous en foutez. Vous êtes satisfaite. Vous avez trouvé votre rédemption alors… TUEZ-VOUS ! Brûlez-vous, brûler leurs costumes de carnaval, brûler leur bonheur qui vous a consumé jour après jour, année après année, toute votre vie. Mais vous serez à jamais triste…

Vous êtes tellement triste. Vous voudriez trouver quelqu’un qui vous aime. Vous êtes si désespérée, si apeurée alors vos cris de colère, de haine, de vengeance, d’obsession se transforment en plaintes, en gémissements, en cris de douleur, de supplice. Pourquoi personne ne vous comprend ? Pourquoi personne ne vous écoute ? Pourquoi êtes-vous, VOUS ? Mais vous n’avez plus le choix. Vous êtes coincée dans une enveloppe que vous abhorrez. Vous vous DETESTEZ ! Vous voudriez peler la peau de votre visage. Vous aimeriez brûler vos magnifiques cheveux, vous frapper jusqu’à ce que vos bleus se confondent avec vos cernes. Vous aimeriez vous arracher le cœur, mais vous êtes tellement narcissique. Le mettriez-vous sous cloche après ? L’exposeriez-vous ? Le mal que vous vous faite n’est rien à côté de ce que vous ont fait les gens alors à quoi bon leur laisser vos restes.

Vous êtes en train de préparer votre cocktail. Est-ce que quelqu’un vous en empêchera ? PERSONNE ! Pourtant vous entendez des cris incessants mais ils n’ont plus d’importance. Pourtant… ils crient si fort. Vous aimeriez boire votre cocktail exquis, mais ces voix vous dérangent ; elles sont si lointaines, si aimantes… En approchant de votre rédemption, vous entendez aussi très clairement la voix de vos démons : « I wanna end me ».

Commence alors dans votre esprit une bataille. Qui écouteriez-vous ? Pourtant ces voix sont tellement blessantes et si aimantes. Comme n’avez-vous pas pu les entendre pendant des années ? Vous n’écoutiez pas ! Elles crient, elles hurlent à la mort, s’arrachent votre esprit, ce qui fait de vous ce que vous êtes et QUI vous êtes. Allez-vous arrêter de crier ! « I wanna end me » STOP ! « I wanna end me” ! Arrêtez-vous ! Elles vous écrasent de leurs gémissements, de leurs glapissements. Elles grésillent comme des câbles électriques. Elles vous éclaboussent de leur haine, de leur amour. Vous êtes tellement déchirée… vous reposez le verre ! Tout s’arrête. 1. 2. 3. Le silence. Vous respirez. Ça fait un bail que vous n’aviez pas respiré. Vous ne ressentez plus rien à part la sueur qui perle sur votre front. Dieu ! Vous ressentez enfin quelque chose. Tout le néant, le vide qu’était votre âme est parti. Vous ressentez une vague de chaleur se propager dans vos veines, dans vos pores, dans vos cellules jusqu’à votre cœur. Cette goutte de sueur qui perle sur votre front. Ce n’est pas une simple goutte de sueur. Elle prouve que vous êtes en vie. Revivriez-vous ? IMPOSSIBLE ! Impossible… Vous allez mourir ! Silence. Vos tympans frappent de toute leur force que vous avez l’impression qu’ils vont exploser ; ils résonnent le gong de la fin, du dénouement. Il fait si froid tout à coup. Vous avez encore la main sur votre avenir. « I wanna end me » « I wanna end me » Allez-vous décidez? On attend plus que vous. Allez-vous vous tuer… ou non ? Vos mains tremblent et maintenant, vous attendez simplement le prochain mot, la première respiration qui viendra briser le silence. Vous attendez le prochain coup sanguin de folie, la prochaine voix qui s’élèvera dans votre tête pour vous donner l’envie, pour vous faciliter le choix. Cette dernière voix vous donnera le choix. Vous narguez vos voix dans le silence pour savoir laquelle osera prendre l’inspiration avant l’autre. Dieu ! Je vais mourir seule ! 1…2…3… Que choisirez-vous ?

« I wanna end me »

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2 Commentaires
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Invité
17 mars 2019 19 h 14 min

Bonsoir félicitation un texte riche et fort bien écrit sur la douleur la souffrance les actes d’un chacun et notre relation intime de nos vie bravo
Douce soirée amicalement Camille

Invité
17 mars 2019 18 h 09 min

Un texte riche en idées et en vocabulaire, écrit à l’encre de votre âme,qui remet en question toue relation avec nous mêmes et avec le monde qui nous entoure (les autres), j’ai bien aimé le style,mes amitiés.