Hommes du Nord – Hubert-Albert du Clos Lus

Hommes du Nord, si preux, si vaillants, si hardis

Vous qui avez si nombreuses guerres  subi

Savez mieux que quiconque  le prix de la vie

Vous les hommes du Nord,  par l’histoire avertis,

 

Oyez le chant d’un homme par le Nord séduit.

Hommes du Nord, si habiles, si laborieux

Si zélés au travail, appliqués, minutieux

Vous servez de modèles, jeunes comme vieux

A tout homme qui veut se dire industrieux

Hommes du Nord, si âpres , si durs au combat

Si habitués au feu,  coutumiers de l’exploit,

 

Vous ne tremblez jamais là où d’autres tressaillent

Vous fûtes grands seigneurs dans toutes les batailles

Femmes du Nord, ô femmes aux tabliers blancs

Vous qui virent vos hommes partir si souvent

Sous la bombe autrichienne  ou l’obus allemand

Vous qui, contraintes, restèrent pour les enfants

Savez mieux que toute autre le sens du mot Mort

Car   le destin  vous a faites   femmes du Nord.

 

Plus qu’ailleurs on entend chez vous le mot veuvage

Souffrance surmontée ! toujours par le  partage..

O femmes, belles femmes du Nord de la France

Quand vient l’Amour tout change et vous voilà mariées !

Vous invitez famille, et même le quartier

Vous savez qu’il ne faut pas trop passer sa chance.

Car vous êtes si belles, femmes  au front haut

Sylvie la rousse et Margot, blonde du Hainaut !

Qu’il ne  faut pas longtemps pour vous faire épouser

Par les hommes du Nord qui vous ont vues passer.

 

Bientôt paraît l’enfant, qui naît dans la dentelle

Flanelle et broderies par le Nord façonnés

Comme il est bien reçu !, le bébé pour lequel

On a parfois bien eu du mal  pour qu’il soit né.

Enfants du Nord , enfants d’ouvriers de Fourmies

Enfants de paysans , enfants de l’Avesnois

Ou enfants de l’Artois ,vous naissez  tous bénis

Vous naissez au pays où le seigle blondoye.

O familles du Nord vous voici rassemblées

Tout autour de la table en train de jouer aux dés

Et ça piaille et ça crie, ça commence à jurer

Où est l’as de tarot ? C’est toi qui l’as chouré!

 

 

Soudain le match de foot surgit sur vos écrans

La famille du Nord se fige en un instant

Tout le monde commence un peu à aboyer

Sur l’adversaire pas question d’apitoyer

Va chercher une bière et le ragoût flamand

O familles du Nord, vous savez festoyer !

Au Nord, la joie est si soudaine que la peine.

 

Pêcheurs du Nord, ô hommes forts à la besogne

Qui  peinez à survivre au travail à Boulogne

Vous aux salaires sur lesquels le patron rogne

Vous  qui n’avez de langue que l’ ire ou la grogne

Etes les vrais seigneurs  de la côte d’Opale

Quand vous nous rapportez bien serrés dans vos cales

Des poisson verts ou bleus, ou du rouget royal

Vous devenez les peintres du bord du chenal

Mais ceci n’a qu’un temps, car vous êtes du Nord

Comme les paysans, ouvriers ou soldats

Pour vous la seule loi, c’est la loi de l’effort

Vous repartez demain en mer, à hue, à dia.

 

Où , roulés par la houle, vous pensez aux morts

Aux chalutiers sombrés, corps, équipage et biens

Aux familles d’amis tuées par le chagrin

Marins du Nord, forcés d’encaisser votre sort.

 

Pêcheurs du Nord ô , fils de la difficulté

A votre tâche, jamais ne déméritez.

Puis, un jour, vous mourez. Le fils prend le relai.

Ainsi file la vie, de Dunkerque au Touquet.

Au Nord, la peine est si soudaine que la joie.

Gens du Nord, il faut avoir chez vous bouche habile

Comment mémoriser? et comment prononcer?

Godewaersvelde, Rexpoëde, Ochtezeele

Volckerinckove, Zegerscappel, Herzeele ?

Gens du Nord, bien souvent, vous nous faites marrer.

 

Gens du Nord, envolé votre savoir sublime

Sergé, chambray, jersey, popeline ou denim

Toute usine a fermé, vous voici au carreau

Mais êtes restés dignes malgré le  chaos.

Gens du Nord, englués dans la casse sociale

Rien ne fait dévier votre humeur proverbiale

Les bars sont pleins d’amis, la bière coule à flots

On verra bien demain  si on trouve un boulot

Le seul qu’est étranger est facile à montrer

C’est le seul qu’est mouillé, n’étant pas dans les bars

Comme les gens du Nord.  Chez vous part et repart

Facilement la blague, on aime rigoler.

 

©Hubert-Albert du Clos Lus

 

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1 Commentaire
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Christian Satgé
Membre
14 juin 2018 18 h 42 min

Un ch’ti tour dans un “pays” de France souvent décrié et dont “les gens” ont vraiment “dans le cœur le soleil qui manque à leur décor”. Bravo et merci…