Histoire loufoque de loups-bars – Marie Combernoux

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HISTOIRE LOUFOQUE DE LOUPS-BARS

   Il était une fois un bar, qui vivait dans les eaux de l’Océan Atlantique, au large de l’Irlande. C’était un grand et beau poisson, très solitaire. Il avait vécu en banc avec d’autres congénères dans sa jeunesse, mais à présent il s’était isolé et restait seul. De temps en temps, il lui prenait l’envie de dévorer tout ce qui passait à sa portée. Il ouvrait grand sa bouche et avalait gloutonnement toutes les espèces de petits poissons ou crustacés, qui avaient eu le malheur de s’aventurer près de lui.

   Mais en dehors de ce passe-temps cannibale, sa solitude lui pesait, il n’avait point de compagne, ni de progéniture et il errait sans but, dans ce vaste Océan. Il décida alors de voir du pays. Il savait que le Monde était immense et ne se limitait pas à l’Atlantique Nord. Il rêvait d atteindre la Méditerranée. Il quitta donc les côtes irlandaises et partit un beau jour vers le Sud, toutes nageoires déployées. iI fila tout droit devant lui, et atteignit les côtes françaises. Arrivé au large de la Bretagne, il s’arrêta une journée, s’abrita au creux d’un vaste rocher et se laissa porter au gré des flots, pour se reposer.

  Le lendemain, il reprit son périple vers le Sud. Il sentait au fur et à mesure de son voyage que la température de l’eau se réchauffait et il croisait des espèces différentes de poissons. Il arriva au bout de deux jours de nage, au sud de la France, sur la côte Basque. Il y croisa des poissons énormes qui lui firent peur : c’étaient des thons d’environ 400 à 600 Kg. Il en avait déjà vu dans le Nord, mais pas en si grosses quantités. Il se fit tout petit et discret, continua son chemin, et arriva en Espagne.

   Il n’avait pas l’intention de contourner l’Afrique pour atteindre la Méditerranée, il croisa un congénère, un bar espagnol, il l’arrêta et lui demanda dans sa langue -car c’était un poisson instruit- « comment fait- on pour rejoindre la mer sans passer par l’Afrique ? » Son collègue ibérique lui répondit : « tu vas au Sud de l’Espagne, et là tu vas trouver une ouverture sur la Méditerranée, ça s’appelle le Détroit de Gibraltar ». Le bar du Nord le remercia “gracias amigo” ! et suivit ses conseils.

   Il nagea pendant encore longtemps et arriva au large d’une ville appelée Algésiras , il sortit sa tête hors de l’eau quelques instants et pu apercevoir les côtes marocaines. Il se frotta les nageoires de satisfaction, il allait atteindre son but. Il se reposa de nouveau près du fameux rocher aux singes, qu’il trouva bien curieux , n’ayant jamais vu de singe dans sa vie aquatique !

   Poussé par le désir de réaliser ses rêves, il reprit sa route dans les eaux profondes de Gibraltar et arriva enfin au but tant attendu : La Méditerranée ! Il remonta le long de la côte espagnole Est et s’arrêta un jour entier aux îles Baléares. Il découvrait un monde nouveau, une chaleur bienfaisante, il nageait en plein bonheur, il se gavait de petites crevettes succulentes, faisait le fou, nageait sur le dos, sur le côté, se laissant bercer aux creux des vagues.

    Il continua sa route et remonta vers la France, il longea la Catalogne, s’attarda sur les bords des plus jolies villes , Banyuls, Port- Vendres, Collioure , et arriva au large de Perpignan. Il était fatigué par ce long périple mais son but était d’arriver sur les côtes méditerranéennes françaises. Il nagea, nagea, sans relâche et arriva là où il avait toujours rêver d’aller : aux calanques de Cassis, c’était là qu’il voulait s’établir et -qui sait ?- trouver la compagne qui lui manquait tant.

   Quand il y arriva, il remercia Poséidon, le Dieu Grec de la Mer, de l’avoir amené jusqu’à cet endroit magique. Il choisit un rocher et y passa quelques jours à pêcher, à paresser, à rêvasser sur la vague. Or, un jour, il eu la surprise de voir un poisson venir vers lui, il fut d’abord méfiant, mais se rendit compte que c’était un bar, comme lui. Le poisson lui dit, dans son langage à bulles : « Qui es tu ? d’où viens tu ? Je ne t’ai jamais vu ? «  « Je suis un bar du Nord, je viens des côtes irlandaises » « Et toi ? « 

    Moi aussi, je suis un « bar » comme tu dis, mais chez nous en Méditerranée, on nous appelle « loup », en fait, nous sommes cousins germains.

    Notre bar du Nord fut séduit par cette femelle loup du Sud et comme c’était la saison des amours, il lui fit sa déclaration. La belle fut conquise, et ils frayèrent plusieurs fois. Un peu plus tard, la maman Loup donna naissance à une multitude d’oeufs que le mâle du Nord féconda de sa semence.

     Ils virent éclore de beaux petits poissons loups-bars, fruits de leurs amours aquatiques. Ils restèrent encore ensemble quelques temps, et plus tard quand la nature le décida, le mâle bar* et la femelle loup se quittèrent et reprirent une vie de solitaire. C’était la loi chez cette espèce de poisson.

    Et il arrive quelquefois qu’un loup du Sud ou un bar du Nord croisent un banc de loups-bars, ils se saluent et passent leur chemin, sans se retourner, des fois que leur légendaire voracité leur donnerait l’envie de se livrer au cannibalisme.

* appelé parfois « malabar » en fonction de sa taille

Marie Combernoux – 12/05/2018

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Marie Combernoux

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je ne suis plus une jeunette, je suis née le 3 Avril 195....et quelque, j'ai été élevé jusqu'à mes 12 ans à Caussade (82) par mes grands parents , qui étaient agriculteurs et négociants en fourrage, j'ai été élevé entouré de nature, d'animaux de basse-cour, d'un jardin, et j'ai aussi appris l'occitan car entre eux mes grands parents le parlaient. Après 12 ans de bonheur , je suis allée vivre àToulouse, avec ma mère et son mari. A partir de là, ce fut une autre histoire.... je viens d'écrire un libre de nouvelles, réelles et fictives, et de poésies, j'attend sa sortie. Voilà un peu de moi, mais vous ne savez qu'une partie de ma vie riche et cahotique à la fois Bien cordialement.

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