Le hérisson et ses enfants – Christian Satgé

 

Petite fable affable

On m’a conté une histoire édifiante
Par deux fois et chose rare, et fort chiante,
Avec des fins différentes qu’il me faut
Ici vous recomposer avec ce défaut :

« Un hérisson qui ne faisait pas son âge
Mais que son âge, lui, hélas, défaisait,
Donnait la leçon à sa portée : “Je gage,
Disait-il, que mes mots vont vous aviser
Des dangers qui nous guettent nous, les petits
Êtres qui croient par trop à leur carapace.
Elle est trompeuse, mes fils, je vous le dis :
Elle ne protège guère des rapaces,
Des crocs du renard, de la pique au gitan
Ni des cours d’eau que l’on croit vaincre à la nage.
Alors soyez sur vos gardes tout le temps :
La prudence m’a rendu vieux et sage !
De la fouine, au hibou et au sanglier,
De la chouette aux détritus et ordures,
Tout nous est péril, parfois bien maquillé,
Comme ces chats et chiens à la dent dure.
J’ai tout connu, moi qui ai fort voyagé,
Croisant, et partout, ces ennemis immondes
Qui nous épient à l’orée des potagers :
Ils n’attendent qu’un faux pas puis, sur nous, fondent !”
Croyant ses petits convaincus, l’animal
Les abandonne pour reprendre sa route
En plein cœur d’une nuit qui ne veut de mal
À personne. Une voiture au sol le cloute… »

Le premier qui, un soir, me l’a narré
Ajouta pour à la morale conduire :
« Une vie ne suffit pas, j’en suis navré,
Pour faire le tour de tout ce qui peut nous nuire ! »

Le second concluait de cette aventure
Qu’il ne faut jamais suivre les bons conseils
De qui est incapable, sans imposture,
De se les appliquer, soit-il ton pareil.

Quelle est la maxime la plus opportune ?…
À vous donc de départager l’autre ou l’une !

© Christian Satgé – mai 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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