Guerre des prés – Christian Satgé

Petite fable affable

Au loin, en sa pâture, un taureau
Hâbleur comme un bateleur de l’Hérault,
Disait l’herbe plus verte chez les chèvres,
Et que, vaches valant mieux que mièvres
Biquettes, il leur fallait rafler ces prés
Quitte à faire trépasser, par arrêt,
Ces locataires si petites et faibles,
Si mal cornues, dans les sureaux hièbles :
Sans véritable encombre ni grand mal,
Les  bovins entreraient dans l’Histoire,
– Ainsi pense, hélas, le règne animal ! –
Avec cette inévitable victoire.

Entre les plis de la pluie, bataille
S’engagea sur querelle d’Allemand…
Notre bon Pyrrhus se sentant de taille ;
Toute raison est bonne. Forcément.
S’ensuivirent nuits mal dormies
Et jours à ruminer car ces demi
Portions caprines fort résistèrent,
Ne lâchant rien. Et pourquoi ?… Mystère !
Il plut du sang et il neigea du poil,
Sans que Picrochole n’ait son Graal :
Maint chef périt. Force héros y laisse
Les sabots ou les cornes tant on se blesse.

Comme dirait Maître Jean, qui voudrait
Conter de point en point ce que guérets
Et bosquets virent là alors, d’haleine
Manquerait ! Coups bas et ruses vilaines
N’y firent rien… Les deux camps, leurs champs,
Se dépeuplèrent. Et, pire, tour méchant,
Chacun d’eux piétina son herbage
Tant et si bien que, jà, sans ambages,
Terre et poussière y firent leur nid,
La verdure à d’autres terres était promise
Tout pacage serait, longtemps, banni
Des prairies par nos vaches enfin conquises !

Il en est ainsi, partout, des Attila
Qui promettent les richesses voisines
Et mènent tous les leurs au Wahallala 
Pour des nèfles ou autres plantes cousines…

© Christian Satgé – décembre 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
28 décembre 2019 15 h 43 min

Que cela nous servent de leçons,
heureusement que vous êtes la pour nous y faire penser
On a tout à refaire et à apprendre d’eux.
Anne