Le poète posa sa plume, avança sur le bord de la chaise, puis recula son dos contre le dossier.
Un vent de noroit soufflait contre la baie vitrée, comme un doux frémissement, berçant les pensées du vieil homme.
Venant d’un siècle passé, les idées prirent formes, la mer faisait son effet, offrant inspiration.
L’encrier trônait à coté d’un buvard de couleur vieux rose, le feuillet était d’un blanc crémé, ils attendaient…
La page blanche s’effaça, offrant encre grise au papier vélin.
La plume docile calligraphia les mots comme une amoureuse voulant plaire a son suprême.
La main se fit galante, charmant les locutions, la plume chaloupait faisant calligraphier les mots piétés.
La lumière indirecte du soir nourrissait les mots, faisant danser les tirades, puis, comme le cours d’un fleuve, les yeux remontèrent en haut de la page, s’arrêtèrent, puis la plume traça un trait sur un mot, l’effaçant, le remplaçant par autre. Le sourire vint se poser sur les lèvres de l’homme.
La main resta figée, une goutte d’encre perla au bout de la plume, puis chuta sur un T.
L’homme sourit, fit des pattes à la gouttelette d’encre qui avait séché, une araignée surgit sur le T.
La plume caressait les mots, comme un livre déjà écrit, ils filèrent, sachant à l’avance ce que le brave allait écrire.
L’homme oublia pendant un temps, cet exil qui n’en finissait pas.
Les jours passèrent, le poète écrivit des pages et des pages, barrant certains mots, remplaçant d’autre paroles, notant en travers des feuillets de nouvelles idées, soulignant d’autres phrases.
Une auberge était dessinée à coté du titre.
Le plus dur restait à faire ; la correction.
Guernesey 1845 : Les misérables.
jolie prose d’un Temps. Continuez à plaire à nos raisons Anne
Ol
Très belle prose où l’on visualise Hugo traçant ses déliés sur le papier
Merci, Anne, pour le partage de ce texte, rappelant l’exil forcé de l’immense Hugo !
Un vibrant hommage à notre plus grand poète… même quand il écrivait en prose. Merci t bravo pour ce partage, Anne.