Gourmandises
Je me souviens de ces étés
Où je partais au vent mauvais,
Impatient, consterné, et puis après ?
Je me souviens de ces virées
Où je partais au vent mauvais
De l’été, de l’automne et de l’hiver.
Qu’importe. Je me souviens très bien.
Je revois le réséda et la maison de Velleda
Où je partais moi-même là-bas.
Je me souviens, oui, je me souviens,
Et en même temps de ce matin.
En entrant par la véranda, vagabondant,
Courant, marchant, sautant,
De par les champs comme un enfant,
Revenant comme à travers le temps,
Entrant comme à présent, maintenant,
Je me dirige vers le buffet, massif,
Odeur de bois et de soupe aux poix,
Je l’ouvrais : bonté divine !
L’émanation sucrée de ces travées
Me ramenait à la réalité :
De bois fruités de mille parfums.
Gourmandise, gloutonnerie, voracité,
Toutes les couleurs s’entremêlaient :
Friandise, douceur, avidité, intempérance.
Goinfrerie, chatterie, sucrerie, appétence,
Où tout n’était que transe en ma présence
Et papiers colorés chatouillant mon nez.
Ces effluves de madeleine, vanille, caramel
Quel délice, magnificence, intempérance.
Elles me faisaient m’éloigner.
Je sentais alors tout à la fois : l’extérieur,
L’odeur du parquet qu’on venait de cirer
Et chaque saveur intérieure mélangée
A la chaleur de cette famille du bonheur.
© 2017 – * Hervé Outil *