Gitane dis-moi – Philippe X

 

    Depuis quelques temps des chaines de télé, en mal d’actualité ou cherchant à désigner “les responsables ” du déficit des comptes publiques, étalent sous vos yeux ébahis des cérémonies de mariage dans les communautés des GITANS.

    Je vous livre des instants de vérité de leur vie… j’ai vécu cette vie et parfois je comprends vos colères.

    Je remercie Chantal pour m’avoir donné la permission et l’opportunité de communiquer sur les us et coutumes de ce monde parallèle

    LES PLACES DÉSIGNÉES (première partie )

    Alors que nous vivions en communauté sur les places réservées au stationnement des Gens du voyage,  la promiscuité était telle qu’il était impossible d’échapper aux discutions et disputes des autres riverains. Les emplacements sont disposés de telle façon qu’il est possible de regrouper les membres d’une famille constituant des zones bien délimitées, où les autres Voyageurs ne s’aventurent pas trop en principe. Il y a des places désignées (c’est ainsi que sont appelées les aires de stationnement) entièrement réservées aux membres d’une seule et même famille.

    Dans les communes de moindre importance, où le gardiennage est assuré par un employé municipal, il n’est pas rare que le caïd  du coin réserve, pour plusieurs mois, un certain nombre de places pour son clan. Le gardien placier déclarera que tout est complet aux nouveaux venus, empêchant ainsi à une famille rivale de venir séjourner et donc travailler  sur la région.  Les lois de ce milieu sont féroces et respectées. 

    Tout au long de la journée c’était un va-et-vient incessant de voisins venant quémander un peu de sel, d’huile, du feu, des cigarettes, une adresse pour un renseignement quelconque.  

    Tout est prétexte à venir cogner à la porte de la caravane pour se faire une idée sur la personnalité de l’occupant… et de ses capacités à résister à l’envahisseur.

    En principe, les hommes ne toquent pas aux portes, surtout hors la présence du patron des lieux,  mais…il  y’ a des exceptions… et alors, quel merdier par la suite.

    Les premières impressions étaient rassemblées et discutées par les commères locales, avec force détails et images, au moment du sempiternel café, c’est-à-dire tout au long de ces interminables journées. Les avis portés sur les occupants d’une caravane sont principalement d’ordre critique.

    Ces dames prêtent des intentions à ces messieurs, que ces derniers expriment de façon franchement ouverte, mais elles tiennent tout de même leur rang d’épouse et mère de famille vertueuse.

    Tout est fait de « on dit », les réputations se battissent et se défont au gré des rencontres.

CHANT DE GLOIRE DE LA JEUNE FEMME… OU MARCHE FORCÉE ?

    «Il faut que je m’en va faire mon parquet» Ce chant du départ s’entend aux quatre coins du monde de Gitanie. 

    C’est la phrase magique prononcée par une femme, c’est-à-dire par une voyageuse, qui a la charge d’une caravane. C’est un grade, une considération qui élève la personne au rang de femme qui a des responsabilités. Il faut donc qu’elle aille passer le balai et ranger sa nouvelle demeure, indiquant ainsi aux autres femmes qu’elle est prête à devenir une femme modèle, une épouse intentionnée.

    Pour Nous, après avoir vécu de nombreuses années  aux cotés de différentes ethnies constituant les Gens du Voyage, la vie que va vivre (pour ne pas dire subir) une jeune mariée, se joue à pile ou face.

    La dernière invitation en date (octobre 2019) à laquelle nous n’avons pu répondre suite à un décès (voir sur ce site :  Mortelles vendanges – Philippe X) concernait un “Homme de 15 ans “ épousant une “Femme de 14 ans “…..

    Son homme sera gentil ou pas gentil ?

    Sa belle famille sera accueillante ou chemin de croix ? 

ENFIN ELLE EXISTE…

    Ça y est, elle existe, elle a un homme dans sa vie, elle ne sera plus, en principe, la proie d’un mariage arrangé ou forcé.  Cette jeune et jolie voyageuse (aux alentours de ses dix-sept printemps) va, petit à petit, connaître les hivers rigoureux durant lesquels elle va endurer le poids de sa belle-famille, les humeurs de son seigneur et maître qui, revenant après une journée passée «à Dieu seul sait ce qu’il a bien pu faire», sera accompagné de beaux-frères, frères et faux frères, bien décidé  à prouver qu’il est le patron.

    QUI C’EST L’HOMME ICI ?

    A suivre…le week-end est long et pluvieux…

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©Philippe X – 09/11/2018

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Philippe X

Loup Zen (13)

'' nul n'est prophète en son pays''...c'est pour cette raison que je voyage.
''Convier quelqu’un, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous notre toit.''...vous êtes mes invités, au banquet de la littérature....

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3 Commentaires
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Invité
9 novembre 2019 17 h 26 min

J’ai vu une émission concernant ce sujet … Puisque vous êtes bien renseigné et racontez d’une façon intéressante, moi aussi j’attends une suite ! A bientôt en cet endroit.

Christian Satgé
Membre
9 novembre 2019 16 h 55 min

J’attends la suite avec impatience… Tu as le sens du suspense, Loup. Merci de remettre à l’endroit les a-priori que de journalistes pleins d’idées reçus et désireux de nous les offrir viennent greffer dans nos préjugés au long d’émissions ayant plus d’oeillères que de sensations à offrir ! Un renard sur le retour.

Invité
9 novembre 2019 15 h 27 min

Quel texte, Philippe !
Vous nous montrez que cette vie de “Voyageurs” avec ces “us et coutumes” que vous expliquez, est bien loin de l’imaginaire qui circule,
et pas toujours idyllique…
Merci de nous permettre de connaître et comprendre cette vie différente… dure aussi…
J’attends la suite avec impatience.
Toutes mes amitiés

Chantal