Mon gamin – Stéphan Mary

Mon gamin

Mon gamin se cache dans le doute 
A peur d’être rattrapé avant le soir
Il a couru comme un fou sur la route
S’évadant des camps de cauchemar

Mon gamin avance sans arrêt
Arrive aux portes du désert
Se dit combien ça coûterait
Si jamais je me perds

Mon gamin n’a plus sommeil
Il halète dans les rayons de sable
Souffre sous les grains de soleil
Se demande ce dont il est capable

Mon gamin rencontre une colonne humaine
Seul le bruit du vent dans les dunes trouble le silence
Ils l’ont obligés à tuer des gens il reviendra il à la haine
C’est ce qui le fait avancer et s’armer de patience

Mon gamin à dix ans rien ne le freine
4000 kms pieds nus sur les cailloux
Autour de lui pas de jardin d’éden
Juste les lamentations qu’il entend partout

Mon gamin ne veut pas être en lambeaux
Conseil du passeur qui lui dit accélère le pas 
Sa mort rôde son épuisement se voit d’en haut
Mais il avance même si ses pieds saignent ici-bas

Mon gamin voit tout autour de lui
Ses semblables qui vont vers l’occident
Il ira vivre dans une ville sous la pluie
Il sera journaliste correspondant

Mon gamin embarque sur le bateau
C’est comme un chant funèbre en un seul râle
Il fait noir ils ont fermé la porte en haut
Il n’y a plus que gémissements à fond de cale

Mon gamin sent la soute se remplir d’eau
Il lève la tête cherche l’air à plein poumon
Il prie son Dieu le supplie lui dit c’est trop tôt
Avant ton paradis je dois finir ma mission

Quand les douaniers ont ouvert le placard
Ils ont découvert noyés ou étouffés des migrants
Des linges blancs recouvrent 49 brancards 
Qui passent sous les yeux d’un enfant seul survivant

Un jour il a frappé par hasard à ma porte 
J’ai ouvert à un enfant en larmes et affamé
Je me suis débattue pour qu’il s’en sorte
Mais on lui a refusé son statut de réfugié

Mon gamin j’ai fait ce que j’ai pu pour toi
Mais l’Europe t’a banni t’as renvoyé au pays
Tu ne sais pas lire écrire et compter toutes les fois
Ou tu as recommencé ton voyage de survie

Tu es revenu inlassablement 
Tes périples ont duré deux ans
Chaque fois je te reprenais par la main
Et chaque fois tu partais en larmes en me disant à demain

Mon gamin mon fils adoptif tu me souris
Nous avons bravé administratifs et politiques
Je te regarde être merveilleusement en vie
Et ne m’en veux pas si j’ai le bonheur pudique

Je t’aime mon enfant, mon fils mon amour
Nous deux main dans la main c’est pour toujours

Stéphan Mary (texte déposé)
Enregistré par Le zèbre slam

Ce titre figure sur le CD en prévente de “Souvenirs au futur”. Texte de Stéphan Mary (1er prix du concours de Plume de poète “La différence”. Textes mis en musique, interprétés par Le zèbre slam. A retrouver sur https://www.leetchi.com/c/a-prendre-ou-a-laisser

 

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1er prix du concours de poésie 2015 de Plume de poète "La différence avec "La robe"

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2 Commentaires
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Plume de Poète
Administrateur
15 décembre 2017 8 h 50 min

C’est un texte magnifique Stéphan !
J’en ai les larmes aux yeux…que d’émotions partagées, que de sentiments dévoilés, tu nous fais voyager dans ton grand coeur mon ami et c’est simplement beau.
Je n’ai jamais douté de tes qualités humaines et de plume, c’est encore une belle preuve !
Je conseille vivement à tous les lecteurs et visiteurs, membres et partenaires, de participer et de découvrir le cd de Stéphan qui reflète les merveilleux talents d’un homme d’exception.
Avec toutes mes amitiés sincères,
Alain