Le furet et la belette – Christian Satgé

 
 
Petite fable affable

Un furet, confit en foi,
Troubadour de tabernacle,
Fut surpris plus d’une fois
À confier, hors cénacle :
« Charité bien ordonnée
Commence par soi », « Donner
Est le propre du fidèle
Qui a le Christ pour modèle »,
« Chacun pour soi, Dieu pour tous »,
Et autres bons mots mahous
Prompts à moucher les chandelles
Et engranger des rondelles.Lui, le bedeau bedonnant
D’un très vieux corbeau austère,
Radotant et ânonnant,
Lassé de son ministère,
Administrait, régentait
Seul, tout, d’une main gantée.
Au nom du prêtre, son maître,
Qui envoyait toujours tout paître,
Il amassait dîmes et droits,
À bon et mauvais endroit,
Taxes sur qui vient de naître
Ou va, devant Dieu, paraître,…

On accusait le vieux cagot
Des méfaits mais la belette,
Qui voulait part au magot
– Or, pour Furet, la galette 
N’était pas à partager –
Sans sa peine ménager
Ouvrit les yeux de la ville
Sur les machinations viles
De ce voleur, ce menteur,…
Honni, le prévaricateur
Déchu à l’état servile,
Serré en prison civile.

Le vilain, qu’un pilori
Accueillit, vit la belette
 Le remplacer et chéri
D’un corbeau, toujours plus blette,
Qui dit comme on vomit :
« Qui croit pouvoir faire, Ami,
Seul, sans les autres s’égare
Dans un pénible Tartare
Autant, ma foi, que celui,
Tout de lui-même encrassé,
Qui penserait que, de lui,
On ne pourrait se passer ! »

 
© Christian Satgé – juillet 2012

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
24 octobre 2017 13 h 26 min

Très joli texte ou les animaux remplacent les humains facilement… Bien dit..
Anne