EXIL – Véronique Monsigny
Je me sens étrangère en ce monde qui rit
Si fort pour ne pas voir la misère des autres
Je suis comme l’idiot qui toujours sourit
A ceux qui le méprisent pour cette gueule d’apôtre
Mes yeux furent aveuglés à mon heure naissante
Comme le funambule j’avance sur le fil
Mon âme à s’incarner se montre réticente
Ne sachant d’où je viens, je souffre en cet exil
Mon cœur est un silence que je tends devant eux
Pour répondre à l’écho du bruit dont ils existent
Un soupir, une pause au milieu de leurs jeux
Symphonie pathétique dont ils sont les choristes
Je leur offre un sourire, à gouter sans raison
Je propose un silence au sortir du sommeil
Lever les yeux au ciel le temps d’une oraison
Y cueillir la lumière au matin qui s’éveille
Etrangère à ce monde je m’y débats pourtant
Une fois la porte franchie il faut vivre son âge
J’use de mon époque mais vis d’un autre temps
Les deux pieds sur la terre, la tête dans les nuages