énième poème – Daniel Marcellin-Gros

Visite de Vienne

 

Je voudrais vous narrer, sans prétention aucune,

Les beautés d’une ville que je trouve souveraine,

Avec tous les joyaux des couronnes de Reines,

Qui pourraient faire la une des presses et des tribunes!

Cette ville Romaine, et tout autant Gauloise,

Possède sept collines comme en possède Rome,

Formant avec le Rhône un très beau décorum,

Qu’un bel écrin perché orgueilleusement toise!

Son beau cirque Romain, “des grands théâtres dignes,”

Semble faire écho à son frère l’Odéon,

Caché dans la verdure comme un caméléon,

Sa vieillesse outragée, nous émeut, nous indigne!

Ce joyau oublié, à tort ou à raison,

Etait le haut lieu des répétitions d’acteurs,

Dont les déclamations vantaient les gladiateurs

Envahissant les cœurs de riches floraisons!

Pas loin de l’hôpital, le Fort de la Bâtie,

Ancré sur le rocher, se meure sur ses ruines,

Préférant le soleil aux brouillards et aux bruines,

Il regrette le temps où les hommes l’ont bâti!

Son enceinte très longue courait dans les rochers,

Où les hommes de garde, pouvaient voir en tout lieu,

Il fut de la défense l’invincible milieu,

Refoulant les assauts prétentieux des archers!

Il contemple le Rhône, d’un regard circulaire,

Portant loin vers le Sud, ainsi que vers Nord,

Repérant l’assaillant dans l’étroit corridor,

Que forment avec le Rhône les collines séculaires!

Notre Dame de Pipet et sa belle chapelle,

Offrent un belvédère superbe à nos regards,

Surplombant le théâtre antique aux gradins noirs,

Où la peur du grand vide au vertige appelle!

Oh! Vienne ta splendeur, sans cesse m’émerveille!

Le Temple de Cybèle, a l’arche rescapée,

Abritait la Déesse de la fécondité,

Et de nos jours encore brille aux feux du soleil!

A deux pas de ce Temple, La Vieille Maison,

Remonte au moyen âge, et ses beaux colombages

Sur des corbeaux de pierre magnifiant son image,

Résistent encore au temps et aux rudes saisons!

Quelque peu en retrait, comme un oiseau se niche,

Un théâtre jaloux, contemple le vieux temple,

Et veut prendre sur lui la beauté de l’exemple,

Mais reste éloigné de ses belles corniches!

Son intérieur, pourtant se feutre de velours,

Ses corbeilles latérales séduisent le spectateur,

Regardant aux jumelles le grand jeu des acteurs,

Qu’ils acclament de leurs mains à faire ouïr des sourds!

Sa façade au levant se pare d’un trompe l’œil,

Une peinture géante faite par des artistes,

 Exprimant le talent de peintres réalistes,

Assis sur l’échafaud actionné par un treuil!

Une belle mairie au splendide escalier,

Abrite les agents ainsi que les édiles,

Officiant bien souvent à nouer les idylles,

Pour qu’un fil invisible, puisse toujours les lier…

Puis vous vous engagez dans l’étroite rue Marchande,

Qui recèle en ses lieux de nombreux magasins,

Sous les yeux nonchalants de quelques “Argousins”!…

Une porte sculptée plus belle qu’une légende…

Revenant à l’ouest, que le soleil anime,

Trône l’incontournable Temple d’Auguste et Livie,

Aux piliers imposants, ainsi qu’un haut parvis,

Il est le frère jumeau de la Carrée de Nîmes!

L’on voit à ses côtés le tribunal d’instance,

Accessible par un escalier de pierre,

C’est là qu’on abolît l’usage de la rapière…

Punition par le Juge, et rarement clémence!

Espérant le salut du péché qui les hante!…

Capitale des Gaules et puis cité des Papes,

Dont un, des plus célèbre, le Pape Calixte deux,

Portant la crosse d’or comme soleil aux cieux,

Menant la vie dorée que mènent les Satrapes!

Tout au nord de la ville, un ancien monastère;

Sa chapelle Saint François d’Assise aux vieux murs,

Endroit prédestiné pour qu’un esprit s’emmure,

Dans la rémission des cœurs et de la terre!

Plus à l’est on remarque l’église Saint Martin,

Que borde la rivière: “la Gère, tumultueuse!”

Dont les colères parfois n’ont rien de vertueuses,

Mais lave le péché des sévères Puritains!

Poussant un peu plus loin, vers le jardin de ville,

Subsistent les vestiges de très larges remparts,

Enfermant la cité, à l’abri des regards,

Pour que les habitants puissent dormir tranquille!

Vienne reste encore une ville croyante,

Pour preuve le témoignage de ses belles églises,

De ses chapelles ornées où pleurent les âmes grises,

Plus au sud le couvent laïque des Ursulines,

Qui ne se rencontraient que pour les dévotions,

Enfantant bien souvent de jolis nourrissons,

Qu’elles enterraient de leurs mains blanches de Messaline!

L’église Saint-André le haut proche d’un lycée,

Verrait d’un très bon œil la venue de ses ouailles,

A l’extérieur on entend crier la marmaille,

Il n’y a plus d’eau sainte au fond des bénitiers!

Ah! Saint-André le bas! Ah quel bel édifice!

Architecture romane aux volutes de pierre,

Où l’on chante des Ave-Maria et des prières,

Où le prêtre, en étole, élève des calices!

Des Marie-Claire Alain et des Bernard Soustrot,

Ont donné des concerts d’orgue et de trompette,

Oh musiques sublimes rayonnant dans nos têtes!

A dire que c’est beau ne serait pas de trop!

Plus loin, tout juste en face d’une vieille passerelle,

Saint-Maurice nous offre sa belle cathédrale,

Où l’on accède par des marches triomphales,

C’est à couper le souffle, c’en est presque irréel!

La beauté des façades, les portes en ogives,

Les sculpture ciselées comme de la dentelle,

Confèrent à ces lieux un air intemporel,

Que des gargouilles en pierre soulignent et enjolivent!

Et l’église Saint-Pierre, maintenant un musée,

Appelé Lapidaire, semble rire au soleil!

Ce très bel édifice, sans cesse m’émerveille,

Car lorsque je l’admire, je reste médusé!

Il serait sot d’oublier Notre Dame de l’Isle,

Cette belle chapelle qui se mire dans le Rhône,

C’est un joyau que n’ont pas les Rois sur un trône,

C’est là qu’on peut trouver le calme de l’exil!

Se rapprochant du centre on trouve la Pyramide,

Qui, en des temps anciens était un champ de course,

Du spectacle reluqué en déliant sa bourse,

Le témoin de l’époque tremblait dans ses cnémides!

On retrouve maintenant, le beau jardin de villes,

Où subsistent les vestiges d’une route Romaine,

Parmi les arbres immenses, ainsi que les fleurs naines!

Entretenus par des mains adroites et serviles!

L’été je somnolais sous les grands arbres frais,

Mais le bruit du boulevard montait à mes oreilles,

Je lisais calmement, à l’ombre du soleil….

…Les Archéologues vinrent Place Camille Jouffray,

Pour y creuser des fouilles dites de sauvegarde,

C’est alors qu’ils trouvèrent un fabuleux trésor,

Fait de coupes d’argent qui burent la mandragore,

Ou peut-être la cigüe, pour tenter la Camarde!…

Je veux parler encor de ce vieil hôpital,

Qu’on nomme maintenant, la cour de l’ambulance,

Avec un beau portique comme ceux de Byzance,

Il reste visité comme un arc triomphal!

Presqu’en face de lui, trône un ancien lavoir,

Où moult lavandières venaient faire la lessive,

A grands coups de battoirs de leurs mains combatives,

Plus blanches que ne sont les défenses d’ivoire!

Une belle fontaine, place du jeu de paume

Désaltérait le chemineau mourant de soif,

Qui saluait bien bas en agitant sa coiffe,

Avec les allures d’un noble gentilhomme!

J’ai ouïe dire que les Romains construisaient des ponts,

Pour enjamber le Rhône indomptable à l’époque,

On s’acquittait l’octroi, sinon c’était l’estoc,

Chacun versait l’écu de sa bourse à pompons!

Il est temps maintenant de refermer ce livre

J’oublie certainement des choses intéressantes,

J’ai voulu que ces vers aient une allure chantante,

Vous pouvez rectifier si des fautes je vous livre!…

.

Le 24 Janvier 2015

©Daniel Marcellin-Gros

 

 

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2 Commentaires
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Invité
2 octobre 2018 11 h 46 min

Merci Daniel pour ce poème, amitiés.