Les deux frères – Christian Satgé

                                                                                              Petite fable affable

Deux phacochères étaient frères comme cochons.
Mais l’un d’eux était de loin le plus ronchon :
Il lui incombait, et à lui seul, corvées et tâches
De la maison pendant que l’autre et ses moustaches
Se prélassaient au lit, se vautraient en sofa,
Réclamant à manger, critiquant ci ou ça…

« Si tu en veux, fais-le toi-même ! hurla l’autre
Un jour qu’il fut à bout. Cet antre-ci est nôtre
Depuis que nos parents ne sont plus. J’y fais tout !

C’est parce que je suis maladroit… et pour tout
Ce que je fais ! Maman l’avait bien compris, elle.
C’est pour cela que le ménage et la vaisselle,
Le bricolage, et puis le jardinage aussi,
Furent pour toi qui toujours, en tout, réussit !

– Elle ne savait pas que calcul et paresse
Te faisaient occulter tes talents et adresse !

– Si fait !… Je cassais et ratais à dessein
Pour qu’on me fiche la paix. Est-ce si malsain
De décider, un matin, qu’on ne vous demande
Plus rien à faire et n’en tirer réprimande ?!

Je ne suis pas notre mère, alors bouge-toi !
Sinon je te botte le cul comme le père
Faisait. Et souviens-toi que moi, sous ce toit,
Ce que je fais, je le fais fort bien, faux frère !
Il n’est nulle ruse qui ne soit éventée,
Souventes fois par qui l’avait inventée,
La dupe lasse, alors, par souci de justice,
Fait payer très cher tout ce qui fit préjudice ! »

© Christian Satgé – mai 2016

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
18 décembre 2017 15 h 54 min

Merci j’ai adoré ma lecture
Mes amitiés
Fattoum.