Les deux chats – Christian Satgé

                                                                                                                  Petite fable affable

Deux chats partagent le même territoire.
C’est sur ce fait que débute notre histoire…

Pour Dames grenouilles, leurs têtards
Et les autres gens de la fontaine,
Le gros chat choyé du vieux potard
N’a vraiment rien du croque-mitaine.
Bien logé, trop nourri et blanchi,
Moins souvent sur pattes qu’avachi,
Il n’est personne qu’il effarouche :
On en est toqué jusqu’au chignon :
On le dit mignon, bon compagnon,
On sait qu’il ne fait pas mal aux mouches,
S’occupant de ses cors et oignons.

Son comparse, mais point ami, c’est notoire,
Vit, lui, sur un pied bien moins ostentatoire…

Pour les grenouilles, leurs têtards
Et autres gens de la fontaine,
Le matou miteux est un routard
Que l’on doit tenir en quarantaine.
Maigre et pelé, c’est un affranchi
Qu’approche le sot, l’irréfléchi.
C’est un sournois qui a l’air manouche,
Et l’on dit souvent, en réunion,
Qu’il se damnerait pour un quignon,
Que maux et mort suivent les babouches
De ce grognon amateur de gnons,…

Sûr, ils s’évitent mais leurs deux trajectoires
Convergent à la source de notre histoire…

Chez les grenouilles, leurs têtards
Et autres gens de la fontaine,
C’est deuil et chambard ; plus un fêtard
Pour chanter à la lune lointaine.
Car, après s’être un peu rafraîchi,
Par vice ou jeu, soudain alâchi,
Le Choyé, ayant l’eau à la bouche,
A tué qui le trouvait trognon…
Ce n’est pas misère ou guignon,
Qui rend misérable – ni la souche –
Quoi qu’en croie la publique opinion !

© Christian Satgé – septembre 2011

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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