Détenu 245-40
L’heure avance, il est déjà trop tard
Le détenu, sachant pertinemment
Qu’il est tenu par le destin, pourtant
Il attend la mort sans aucun retard.
Il reste maintenant trente minutes
Assez de temps pour laisser des remords.
Leste cependant, la lente mort
Passe en des regrets, lassant tumulte.
Un double déca minutes passé
Le profit des dernières secondes
L’esprit n’est plus aux anciennes pensées
Quatre murs voilà ce qui l’entoure.
N’y a-t-il pas de plus grand supplice
Que de connaître l’heure de départ?
N’y a-t-il pas de plus grand supplice
Que de compter les heures de sa mort?
N’y a-t-il pas de plus grand supplice
De n’avoir pas compté celles de sa vie?
Puis quand les clés de la délivrance
Dans la serrure comme dans son cœur
De plusieurs tours, libèrent l’impatience.
Il se lève, prêt à cette douleur.
Sur ce couloir, un souffle se parcoure
D’un blanc glacial, pur, il est comme nu
Vide d’un sentiment, si peu connu.
C’est l’aller d’un voyage sans retour
D’un bout à l’autre, la vie et la mort
S’affrontent, en témoin de la destinée.
L’homme se tient debout
Derrière lui, la vie l’a oublié.
On y entrevoit, sous des projecteurs
La lumière d’une âme comme autrefois.
Sans aucun émoi, brisant toute foi
Le regard se fend aux lois de la peur.
Le dos seul support des tendres péchés
Et quand vient le moment des derniers mots.
L’homme assis, droit, il ne peut s’empêcher
De verser une larme pour tous ces maux.
Aldrick Le Mat
La peine de mort n’existe plus et c’est un bien !