De vieux inutiles -Anne Cailloux

La vie nous a été offerte par un magicien, une illusion qui à filé trop vite comme un beau tour de magie.

L’horloge du temps, ralentit mon corps, la grande aiguille se bloque sur mon bras gauche, qui paralyse ma main.

Mes pensées deviennent furtives, les minutes deviennent des secondes.

Mes neurones se sauvent de peur, la mémoire perd la boule qui se retrouve bien souvent dans ma gorge.
Ma peau parchemin stigmatise les années qui se sont incrustées à jamais dans ces sillons.

Mes jambes refusent de me porter sous l’approbation de mes muscles qui tremblent de rire. Le sphincrer se détend.
Aucune âme ne peut imaginer, qu’un jour j’ai été autrement, je suis un cafard qui gène plus qu’il ne plaît,

nous sommes assez vieux pour faire des morts.
Je n’aurais pas même pas la chance d’oublier que je suis vielle et ce miroir qui me vomit la vérité en pleine face, jour après jour.
La vieillesse est l’asile de tous les maux.

Mes rides me rappellent que j’ai déjà assez vécu, vérité cru, remontant ma mémoire comme un tsunami.

Je peste contre le temps qui passe et ne repasse pas, m’offrant une belote sans sa rebelote, me condamnant en ultime à un dix de der.
Le Maître du temps, m’aurait-il trompé ! Regarde moi les cieux dans les cieux mon Dieu et dis moi, que j’ai tord.

L’instant présent prend une pose et me remet les pendules à l’heure.
Chronos prends du temps sur ma vie, ne me faisant aucun cadeau

j’avais le choix comme tous ! .
J’étais consciente que le temps passerait plus vite, si l’amour était passion que si j’étais seule à m’ennuyer toute ma vie.
J’ai choisi l’amour aveuglement. Tout n’est pourtant que chimère, car le temps reste le même, croyez moi.
Certains sont restés seuls toute leur vie, le temps pour eux fut trop long.
Ils se sont lassés, pleurant en hiver, priant au printemps, espérant en été, implorant en automne, repoussant les jours, fécondant les nuits stériles.

J’ai aimé passionnément, je n’ai pas vu passé le temps qui glissait sur moi
Mon destin se sauve, je repasse le film du passé, cherchant des moments qui se seraient égarés que je pourrais récupérer..

Mais, on ne peut pas jouer le pécheur de miracles avec le Maître du temps.
Je suis au crépuscule de ma vie…
Mon ardeur devient silence, fragmentant le miroir de mes envies,
fasse que le destin m’emporte avec douceur, comme ses feuilles mortes qui virevoltent dans l’air de ce temps qui se termine.
Je ne peux pas retenir le temps Chronos, mais je vais faire en sorte de ne pas le perdre.

Hommage à tous ces anciens, que nous ne voyons même pas, qui sont gênant et inutiles.

Un jour ou l’autre, nous prendrons leurs places…

Le bonheur et la vieillesse se rencontrent rarement sur la même tête. Sénèque

©Anne Cailloux

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (339)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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14 Commentaires
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OberLenon
OberLenon
Invité
2 novembre 2019 17 h 29 min

Une réflexion profonde et on sent que vous avez un regard plein de compassion pour les autres. Vivre, c’est mourir aussi mais si nous avons pu marcher sur le chemin qui mène vers la connaissance du visible et de l’invisible, apporter quelque chose à ceux qui nous suivrons, alors notre existence aura été utile à l’Humanité. Un beau texte.

Christian Satgé
Membre
2 novembre 2019 6 h 53 min

Du plaisir à lire ces déplaisirs que je commence à connaître… comme J. Brel a fait raison : « mourir cela n’est rien mais vieillir vieille… ». Merci pour cette maestria, chère petite belette.

Brahim Boumedien
Membre
1 novembre 2019 22 h 19 min

Merci pour ce partage intéressant et utile ! Je pense que peu importe le nombre des années : lorsqu’on a pour carburant l’amour, tout devient beau autour !

Philippe X
Membre
1 novembre 2019 20 h 37 min

“Comme vous j’ai été, comme moi vous serez”…à condition que vous soyez assez patient et performant pour tenir jusque là !
Je m’en tape de la vieillesse, j’ai décidé de devenir éternel….Jusqu’à ce jour j’ai tenu ma promesse ! (fanfaronnade..mais que vos mots sont beaux !)

Invité
1 novembre 2019 20 h 13 min

Quel texte sublime de mélancolie. J’ai envie de partager avec vous un instant d’enfance : https://www.youtube.com/watch?v=cVWGsc07LDA

Invité
1 novembre 2019 20 h 12 min

E

O Delloly
Membre
1 novembre 2019 19 h 40 min

merci Anne, pour tous ces inconnus, ou connus, finissant leur vie, hélas un jour…
c’est très beau, émouvant
Ol