Dans le peuple des loups – Christian Satgé

Petite fable affable

« L’homme est un loup pour l’homme, ce qui,
vous en conviendrez, n’est pas très gentil pour le loup. »
(Serge Bouchard, Quinze lieux communs, éd. Boréal, p. 177).

Dans le peuple des loups, quand celui-ci avance,
Deux ou trois anciens, mal allants devancent
La meute adoptant, lors, l’allure de leur pas.
A la queue leu leu, sans les bousculer, les suivent
Les jeunes du groupe jouant fort des compas
Puis tous les autres, moins forts, la salive
Aux crocs. Et, en bout de colonne, enfin vient
Le chef qui, depuis sa position, tient
Les siens très à l’œil : il les contrôle
Et décide de la direction qu’il fait
Prendre au cortège ou il anticipe, le drôle,
Toute menace. C’est là du prince le faix !
Sous son commandement sage, tout en prudence,
Il est le berger de sa troupe, en mène la danse,…

 

Il impose l’esprit d’entraide à tous ses loups,
Loupiots et louvarts, loulous, marlous, filous,…
Ne laissant personne tout seul ou derrière
Face au danger où à un risque qui pourrait
Sonner le glas lourd de ses meute et carrière.
Si la bande marchait dans un tout autre sens,
Elle s’étirerait : les plus faibles des gens
De cette cohorte – vieux, jeunes, malades –
Seraient des prédateurs la proie l’hiver, l’été,…
Ainsi va le courant cortège en sa balade,
Image vivante d’une société
Organisée tout à l’inverse, hélas, de celle
Des Hommes en nos jours de folie universelle !

 

© Christian Satgé – novembre 2016

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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8 Commentaires
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Laurence de Koninck
Membre
4 mars 2019 13 h 47 min

Bel hommage rendu au loup, animal fascinant évoluant dans un texte plein de philosophie, une fois encore. Bravo pour cette fine observation.

Philippe X
Membre
3 mars 2019 2 h 55 min

Finement observé et rendu tel dans sa réalité. Le Loup est le “POULIDOR ” des prédateurs lassant le plus haute marche du podium à l’Homme qui fait des efforts bien récompensés pour y rester
Animal totem de votre fervent lecteur, je suis de passage dans votre univers, rassuré de la rencontre que l’écriture aura provoquée.
Positionné en “alpha” dans la meute sur les routes parcourues, je n’en reste pas moins à l’affût et prés à bondir pour publier un texte que vous semblez apprécier.
Poursuivons nos chemins d’intelligents nomades, la solitude sera notre compagne comme aux premiers et derniers jours de notre existence.
Merci de cet accompagnement, compère.

Anne Cailloux
Membre
2 mars 2019 14 h 32 min

Avant de lire la fin, j’allais dire? prenons exemple sur LE LOUP
L’organisation de la meute est quasiment militaire.
oui vive le loup…. tant pis pour ceux qui sont pas d’accord !
J’adore ce texte,
merci Christian..
Anne

Invité
2 mars 2019 13 h 13 min

J’ai toujours admiré les loups et l’organisation de leur meute…
Merci d’en parler aussi bien Christian.
Amitié

Chantal