J’ouvris les yeux et je vis apparaître devant moi un Monsieur.
« Tenez Mademoiselle, me dit-il en me tendant une sorte de fruit exotique.
« Qu’est-ce ? », lui répondis-je la voix trouble.
« C’est une banane. Ici, on en cultive beaucoup. Mangez-la, elle vous donnera des forces. »
Je pris le fruit défendu en main.
« Comment fait-on ? », demandais-je timidement.
« Attendez, je vais vous montrer. »
L’espèce de vieux barbu à la peau calcinée par les rayons du soleil commença alors sa démonstration. Je le regardai éberluée comme si je venais tout juste de naître. Il jeta ensuite la pelure par terre. Un singe vint sur-le-champ la récupérer.
« Qui est-ce ? », fis-je avec mes yeux à moitié endormis.
« C’est Monkey, il ne vous fera pas de mal, rassurez-vous. »
J’avalai alors l’objet dont on a jouissance, le fructus mûr et réclamai un peu d’eau afin de soulager mes papilles de cette délicieuse mastication.
« Attendez ! », s’exclama à nouveau le sauvage. « Je vais appeler Monkey. »
Au son d’un sifflement aigu et désagréable, le singe accourut alors avec un seau rempli d’eau.
« Pourquoi ne m’apportez-vous pas un verre plutôt ? », tremblotais-je entre les dents.
« Excusez-moi, Mademoiselle, mais vous n’êtes pas ici dans un hôpital. Sur cette île, nous n’avons pas de robinet comme vous le souhaiteriez. »
« Une île ?, mais qu’est-ce que je fais sur une île ? »
« Vous êtes ici parce que vous avez commis un péché grave. »
« Un péché ?, mais quel pécher ? »
« Vous auriez eu l’audace de manger une pomme lundi soir, vous ne vous souvenez donc pas ? »
« Oui, et alors ?, en quoi est-ce un péché ? »
« Vous l’auriez cueillie de son pommier la veille. »
« Je ne comprends toujours pas. »
« C’était un dimanche, jeune Fille ! »
Et le ciel s’obscurcit soudain au loin.
Une rafale de vent terrifiante se mit à souffler si fort que les palmiers se plièrent et caressèrent mon corps.
« Mais qui êtes-vous au juste ? Que me voulez-vous ? »
L’homme barbu à moitié nu déposa sa banane et me répondit d’un air triste et perdu.
« Je suis Vendredi . »
« Vendredi ?, le mec qui a échoué sur une île déserte ? »
« Oui, c’est ça. On m’a reproché de trop aimer les week-end, alors pour me punir, le dieu de mardi, que l’on surnomme également Vito, m’a condamné à vivre sur ce bout de terre tout seul avec Monkey pour unique compagnie.
« Jodie, tu veux une pêche pour ton dessert ? »
« Euh, non non merci maman. », répondis-je toute étourdie par le sommeil.
« Mais qu’est-ce que t’as ? Quelque chose ne va pas ? »
« Non, non, rassure-toi, ce n’est rien. »
« Aujourd’hui, nous sommes mercredi, Jodie chérie. Tu ne dois pas aller à ton cours de danse ? »
©2017 Sara Diluna
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