Conseils paternels – Christian Satgé

Petite fable affable

Le Vautour édifiant sa progéniture,
Lui dit que tout ce qui lui fera du bien
Ne peut être mal, que sont des conjectures
Que Morale et Charité ; pis, qu’en Nature,
Tout le mal fait, il vous faut le faire bien…

« Il vous faut avoir de l’ambition,
Offrant latitude et plénitude ;
Ruinez les faibles, faîtes pression,
Osez le mépris, l’ingratitude.
Moquez idéaux, valeurs, passions
Sur tous régnez avec altitude
Avec une feinte compassion.

Rétifs à toute résignation
Usez du travail, des aptitudes
Du fauve ou du Ciel, à l’intuition :
Profitez, en toute quiétude,
De ces lauriers pris sans autre action.
Face au Lion soyez sollicitude,
Et toujours prompt à la délation

Soyez tout en zèle et suggestions ;
Morguez concessions et servitude,
– “Tout compromis est compromission” –
Traitez les chacals sans platitude,
Pour l’un libérale absolution,
Pour l’autre, mépris dans l’attitude,
Ferme et exemplaire punition.

Mais trêve de circonvolutions :
Œil froid et ton tout en rectitude,
Soyez pour l’humble persécutions,
Crachez sur le savoir, les études,
Tout ce qui fait une éducation.
Pour bien réussir, avec certitude,
Je ne vois pas d’autre solution !

Fils, tous ces préceptes, mieux que rébellion
Ou que cent charognards marchant en escadre,
Aboliront bientôt le règne des lions ;
Avec eux, chez les Hommes, le dernier ladre,
Devient, rapidement, le plus haut des cadres. »

© Christian Satgé – décembre 2011

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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