Con el viento – Ober Lenon

Con el viento …

La bise sifflait en ce matin glacial
où les sommets d’Andalousie se réveillaient
sous une poudreuse virginale.
Aux premiers frimas, il est parfois des fuites
auxquelles on n’échappe pas.
Il était arrivé au village,
cheminant dans le sous-bois
tandis qu’une épeire toile
saluait sa venue d’un frémissement
aux branches des chenus.

Fils du néant…

Ici, on ne posait pas de question.
Il n’avait émis aucune plainte,
n’avait pas demandé l’obole
sur la grand’place des vivants
mais dans ses yeux farouches
brillait la flamme des insoumis.
Quand les mondes se rencontrent,
les yeux sont à l’accroche puis vagabondent.

Elle l’avait fait entrer
et il avait rempli le vide de sa vie.
Quelques braises couvaient dans l’âtre
alors, elle les avait attisées pour réveiller une flamme.
Il aurait pu être Gorgone
qu’elle n’aurait cédé sa place à personne.

Sous les cheveux corbeau ,
l’homme avait les lèvres pincées et durcies
de ceux qui ont mené tant de combats, en sursis.
Elle avait glissé quelques mots,
de ceux qui abreuvent et qui convient,
qui s’offrent lorsque l’on voit souffrir aussi
mais, sans pitié, pour ne pas le blesser.

Elle l’avait invité pour une pause.
Sans se douter, avait repoussé le bord de la falaise…
D’une main gercée, il avait écarté une mèche rebelle sur son front
et ses yeux sombres avaient englouti deux iris mordorés.

Plus tard, au petit matin,
sa haute silhouette s’était redressée
et des plumes encore assoupies
de protester quand ses pas
avaient fait grincer le parquet de la chambrée.
Ce qu’il lui avait chuchoté à l’oreille,
Nul ne le saurait jamais.
La serrure garderait le secret.

Il était reparti à l’aurore,
sans montrer un chagrin,
laissant seulement
un serment à la brume

et quelques longs cheveux noirs sur une brune…

 

©ober lenon

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4 Commentaires
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Invité
31 octobre 2019 12 h 35 min

Merci ! Un beau texte ! Certains ont tellement souffert qu’ils préfèrent les vicissitudes de la vie et la solitude à l’attachement. Vous en parlez bien !

Christian Satgé
Membre
31 octobre 2019 8 h 06 min

Un très bel hommage à cette liberté chère à tous les vrais poètes inspirés à l’image Garcia Lorca dont l’âme semble souffler sur ces lignes pour mieux en attiser le charme et la profondeur…