Colloque entre colocs – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Dans la maison, la panique règne en maîtresse.
Ça sent, pour le maître des lieux, le sapin
Et sa fin de règne veut dire que, traîtresse,

La chatte qu’il nourrit de pâtés de lapin
Va se rabattre sur tous les rats en détresse
Qui ne savent comment, ces sombres galopins,
Quitter le navire sans que, griffe en grappin,
Elle ne leur tombe sur le dos, la bougresse.
Donc, les carottes étant, dès lors, des plus cuites
Les téméraires ont pris leur courage à deux mains
Et, dans le même temps, il est vrai, la fuite 
Sans donc attendre de plus chantants lendemains.
 
La bête invita les rongeurs restants à l’heure
Où le soleil d’été tombe de son plus haut
Et leur miaule, avec une larme qui fleure
La vraie compassion intéressée, des mots
D’amène amitié ; tout comme eux, elle pleure
Le défunt et propose à ces grouillants marmots,
Pour le bien commun, et prestissimo,
De prendre les rênes de céans. Ce, sans leurre.
Elle n’a de cesse de raconter sa vie
Et des salades aux rats, étonnée qu’ils acceptent
Sa régence qui pour prix aura, sans envie
Ni malice, un des leurs par jour. Rien d’inepte !
 
Ainsi fut fait en la maisonnée où chacun
Trouva à grossir sans grigner car sa grignote
Quotidienne se trouvait  au baldaquin
Ou partout ailleurs, et sans peur, qu’on soit mignotte
Rate ou p’tit raton. La chatte, l’œil faquin,
Ne maigrit pas avec le régime taquin
Qu’elle avait instauré. Certes pas de cagnotte
À ce jeu, mais un repas gras, sûr – et moral ! -,
Sans savoir à courir ou épier des caches :
Sous le dévouement à l’intérêt général 
Toujours quelque appétit personnel, là, se cache !
 
© Christian Satgé – octobre 2017

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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10 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
9 mai 2019 21 h 58 min

Faut être malin pour vivre et survivre
il y à pas le choix, manger ou se faire manger..
Comme d’habitude bien écrit et vrai !
Anne
.

Invité
9 mai 2019 13 h 19 min

Point de régime pour la tigresse qui s’engraisse avec le pâté de lapin dans était dans son lopin qui hélas il ne tapera plus du pied ce galopin
Maitresse de lieux faut pas pour Richelieu ni même un rat d’opéra oh qu’il danse avant d’atterrir dans son plat de la pitance
bravo encore l’ami
Béa

Philippe X
Membre
9 mai 2019 13 h 00 min

Ce n’était pas la première assemblée mais la cinquième fois que ces collocs remettaient le couvert ( d’ou le nom de colloque-quinte ).
Au dire du propriétaire,ils se retrouvaient comme des loques à terre, pris de coliques . Le brie de Meaux qu’on sent, était-il responsable de ces maux? Allez-savoir entre co-loques à terre,il était préférable (de lapin) de se taire. mais Christian tu as bien rat conté.