Je pense à elle. Souvent.
De loin, je l’observe, m’interroge, m’imagine. Comment l’aborder ? Que lui dire ? Et pourquoi ?
Puis je pèse le pour, le contre. Quels sont-ils ? Qu’elle reste pure si je manque d’ardeur pour la combler d’amour ? Que j’étale abusivement mes sentiments au point qu’ils en deviennent illisibles ?
Elle m’obsède.
Éprise d’elle, je prends mon courage à deux mains et la prends d’assaut, avant que ne m’assaille ma raison, qui risquerait, une fois de plus, de me faire prendre mes jambes à mon cou.
Je m’approche, la saisie, la respire.
Silence.
Le silence de mes yeux qui dévisagent avec pudeur et délicatesse son corps nu, qui l’apprivoisent vierge avant que je l’habille de ma prose. Je l’étends sur le bureau, caresse le grain de sa peau veloutée semblable à celui du sable le plus blanc et le plus fin. Je plonge en elle, dans l’espoir incertain qu’elle parvienne à m’inspirer les mots les plus fidèles, ceux que j’encrerai passionnément dans chacun de ses pores et qui resteront à jamais empreints à sa surface comme ces lignes à la pulpe de mes doigts.
Parfois, de déception, ou de perfection, je la froisserai, laissant se dessiner sur sa chair quelques rides ineffaçables. Frustrée, je la délaisserai le temps que se dissipe mon mécontentement, puis, quand viendra l’heure, je la retrouverai et renouvellerai les mêmes gestes, faisant glisser sur elle ma main, guidée par le flot de pensées qui me submerge, lui clamant mon amour, imprimant la moindre de ses fibres de toutes les émotions qui vibrent alors en moi.
Et là, sans aucun scrupule, pensant à quelqu’un d’autre, je l’achèverai d’un « je t’aime » qui ne lui sera pas destiné.
Satisfaite, je la remercierai de m’avoir permis de me dévoiler à elle sans qu’elle ne me juge. Je la considèrerai une dernière fois, avant que, d’un commun accord se séparent nos chemins. Elle se repliera sur elle-même, s’engouffrera dans son enveloppe et adressera mes sentiments les plus profonds à la personne que je porte dans mon cœur.
©Aimée Pérat
Un texte très apprécié. Merci
Bonjour bravo très beau texte d’une très belle lettre d’amour, vive la sincérité des cœurs c’est fort touchant
Mes amitiés
Fattoum.
Merci pour ce partage, chère amie ! Cette feuille doit faire partie d’une race en voie de disparition : cette patience, ce courage, ce dévouement, cette fidélité, on n’en rencontre pas tous les jours !
Amitiés.