C’était le printemps – Christian Satgé

Le calendrier me l’avait dit
C’est le Printemps depuis jeudi.
Le bruissement de tous ces arbres
Qui s’éveillent ne laisse de marbre
Personne. Ils s’étirent longuement,
Encore engourdis de frimas, donnent
Le ton au temps qui, au firmament,
A tous les bleus grisés s’abandonne…

Le calendrier me l’avait dit
C’est le Printemps depuis jeudi.
Mais point de bourgeons qui ruissellent
De sève nouvelle et que, là, cèlent
De ces feuilles vert tendre accouchées
Appelant jusqu’au frais chant des merles
Qui viendront demain s’y cacher,
Ou y boire la rosée en perles.

Le calendrier me l’avait dit
C’est le Printemps depuis jeudi.
Les prairies de terre aride ondulent
Sous l’haleine de vents qui stridulent,
Tièdes et chargés d’exhalaisons
Venues des villes qui nous enfument,
Devenues pièges et prisons
Pour l’humain robot qui las les hume.

Le calendrier me l’avait dit
C’est le Printemps depuis jeudi.
Mais Pas de fleurs qui, fièrement, dressent
Leur colorée corolle à l’adresse
D’abeilles friandes de douceurs,
De papillons devenus fébriles.
Las ne vole aux nues que la rousseur
De la poussière débile.

Le calendrier me l’avait dit
C’est le Printemps depuis jeudi.
Or dans cette lumière sombre
D’éternel crépuscule et ces ombres
Notre Terre ne s’est pas parée
Des parfums de ses habits de fête,
Toute vie y est comme à l’arrêt :
La coquette est désormais… défaite.

Chronos m’avait pourtant bien dit
Que c’étaient jours de Printemps ici…

© Christian Satgé – décembre 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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