Ce soir là – Thomas Tetard

Le marc de mon âme délivré du pressoir de la vie c’est encore présenté ce soir aux pierres précieuses qui parsèment la voûte céleste et à leurs rais suaves de lumières et de magies.

D’autant que je me souvienne et que mes yeux m’emmènent bivouaquer là-bas, les astres mythiques ont toujours suent bonifier les raisins acides et juvéniles de mon être si fragile. Tout comme Bacchus est seul capable de tirer un grand cru malgré un climat hostile, un pays maigre et une vendange précoce.

Pourtant, ce soir là, à l’heure de mon oraison nocturne, une angoisse lacérante s’insinue en moi avec la plus grande force ; tel un inconnu surgissant de l’ombre et qui fait de moi sa marionnette. Son étreinte me brise en mille morceaux qui n’ont plus aucune cohérence les uns avec les autres si ce n’est cette sombre toile arachnéenne qui par chance consent à n’en laisser échapper aucun.

Angoisse des profondeurs abyssales où le Styx infernal renferme, immobile, les âmes des damnés, des malchanceux, de ceux qui se sont oublié ou des présomptueux. A jamais !

Seul un arrière goût de mélancolie ne me la rend pas fatale mais c’est un poison sadique ici puisqu’il me somme – tyran des passionnés aux désirs troubles et aux yeux pleins d’ivresse – il m’ordonne de vivre l’aberrant enfoui en moi.

Quelle est cette chose qui me connait si bien qu’en un instant, peut être plus vite encore que la lumière des étoiles, elle sut trouver le chemin le plus court jusqu’à la substance de ce que j’étais ?

Et ces stupides têtes d’épingles plantées là, au-dessus de ma face défaite, semblent avoir un air dédaigneux que je n’avais pas encore remarqué dans leur lointains.

 

 

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