Bucolique méditation – Christian Satgé

Couché, sous une feuillaison de saison,
À mille lieues de tout toit ou maison,
Quand le sol chaud n’est plus qu’un lourd manteau d’ombres,
Quand le ciel n’est plus un torride étau
Et que l’aurore, hélas, va se lever tôt,
Seul, je m’enveloppe de cette pénombre,
L’âme partie ailleurs
Vers un monde meilleur.

 

Sous le soc acéré d’un croissant de lune
Qui, sans fin, laboure avec cent fortunes,
Ces nues si noires semées, à la volée,
De petit grains d’étoiles pour y faire
Au creux de leur silence, non une affaire,
Mais un sillon de Voie Lactée isolé,
Mon esprit vagabonde,
Fait sauter toute bonde.

 

Au loin, un troupeau clochette son refrain
De claires sonnailles au néant, sans entrain.
La chair fraîche de la nuit m’est un rêve.
Point de ces bergères de vieilles chansons
Et pas de chevrière pour mes frissons.
Séléné, privée d’orbe, est la seule sève
De ce soir nu, sans voix,
Que je vis, où je vois.

 

J’entends les échos de quelque fête affreuse,
Funèbre fanfare qui se croit heureuse
Mais sanglote comme ces filles qui ont
Bien plus d’amants que de printemps, pauvrettes !
Sur ma couche de fougères, point d’amourette,
De désirs à la légère, d’aiguillon,…
Yeux levés, je songe ;
Dans les cieux, je plonge.

 

Dans ses parfums, ses sons, l’été est là.
Dans mon esprit vaquant il est ruisseau las,
Je suis rêveur échoué sur son rivage,
Sans chavirer, j’ai jà atteint, reposé,
L’âge malaisé des plaisirs apaisés.
Et je savoure d’autre bonheurs, sauvages
Ou pas, et goûte aux joies
Boudées par nos bourgeois.

 

© Christian Satgé – mai 2017

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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8 Commentaires
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Invité
25 avril 2019 13 h 46 min

J’ai adoré ce Feuillage poétique au allures sensuel que l’on lit entre les vers bucolique bravo

Philippe X
Membre
25 avril 2019 2 h 05 min

bien que cadette de vos soucis SÉLÉNÉ est l’aînée, elle tient une place importante dans votre imaginaire nuitamment présente elle éclaire de son aura,la place qu’elle occupera lorsque HÉLIOS aura fini de faire son petit numéro en ensoleillant ce coin qui est votre paradis.
Nuit sacrée où l’impossible semble réussir, Hélios a rendez vous avec SÉLÉNÉ …mais celle qui se faisait aussi appelé MENÉ n’est-elle pas la déesse de la solutions ? dans nos rêves alors prend forme ce qu’aucun poète n’avait pu réaliser ” le soleil a rendez-vous avec la lune” ….D’autres y avaient pensé, Vous vous l’avez fait !.

Invité
25 avril 2019 0 h 15 min

Bonsoir Christian,
J’aime beaucoup cette méditation sous la feuillaison…
Vous nous entrainez avec vous dans les bruits et les parfums,
dans ce bonheur de ressentis…
Merci pour ce partage vers un monde meilleur.
Amicalement

Chantal

O Delloly
Membre
24 avril 2019 23 h 59 min

joliment composé. merci
Oliver