Brassens, de vous à moi – Anne Cailloux

Brassens

Votre voix irritait les grenouilles de bénitiers.
Timoré en public, vos chansons percutaient, dans un fond licencieux, contraste saisissant entre la timidité et l’osé, paradoxe du plus profond.

Vous aviez le choix, entre une mère très pieuse et des gènes paternels anticléricaux. Ceux-ci, vous ont donné la direction à prendre, que l’on à souvent retrouvé dans vos pensées les plus profondes.
Vous avez navigué bien des nuits dans le cabaret d’ un Lapin Agile, avec aux pieds, les Deux Magôts, puis vous êtes monté vers les Trois Baudets pour continuer votre voyage au Caveau de la République.

Votre gorille ne s’appellera pas Phillips, il sera renié, trop osé pour l’époque, mais il s’appellera Polydor..
Ce singe que vous chantiez comme un ours mal léché, fut hué, mais vous ne vous êtes jamais renié, préférant repartir, guitare sous le bras gauche et l’honneur au bout du bras droit, sous les yeux interdits de ces bourgeois et de leurs femmes aussi pimbêches que pieuses, du moins en société.

Autodidacte, sans connaître le solfège, vous avez créé à votre guise, votre douce voix résonnait sur fond de drapeau noir, qui flottait dans l’air d’un temps révolutionnaire, vous avez ouvert la voie et créé une brèche. Vous étiez anarchiste, traversant dans les clous, pour ne pas discuter avec les agents..
Les copains d’abord ? n’était pas un titre au hasard, vos amitiés étaient ad vitam æternam, vous disiez que l’amitié ne demande rien, sauf de l’entretien. Quelques femmes ont pris la place de votre guitare mais votre cœur ainsi que votre corps fut offert à votre ville de Sète, une des plus belles de France, comme vous aviez raison Monsieur Brassens.

Vous avez bercé ma jeunesse, vos mots osés étaient les seuls que l’ont pouvaient prononcer, tout en chantant, sans avoir la foudre de notre père.

Quand vous ne composiez pas, vous chantiez à la Cigale. Puis quand la bise fut venue, vous ne chantiez plus, mais vous faisiez des calculs.. Les résultats de ces opérations se sont fait à « l’hôpital Necker » ma seconde maison. Combien de fois maman à dormi dans le lit où vous avez posé votre séant.. Même chambre, même punition, même motif. Pour ma mère qui vous adulait, ce fut un bien pour un mal..

Votre gentillesse, votre discrétion vous a honoré, votre timidité vous a empêché bien souvent de chanter en public, malgré tous cela, vous êtes encore adulé, vous êtes le mentor de beaucoup d’artistes.

Vous n’avez été comme aucun autre…

Certains aiment quand ils sont imités, ils se disent, c’est le résultat de la gloire.
Mais vous, vous avez atteint le nirvana, car vous n’êtes même pas imitable…Personne n’a osé à ce jour …

Je n’oserais pas finir cet hommage sur une pensée de moi, alors je vais oser finir par une de vos phrases. Le sourire sera de mise.
Ou que vous soyez.. vous êtes là.

Ne jetez pas la pierre à la femme adultère, je suis derrière.. Georges Brassens

 

Anne Cailloux

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Anne Cailloux

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Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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6 Commentaires
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Philippe DUTAILLY
Membre
21 mars 2021 17 h 12 min

Comme beaucoup, Georges Brassens a bercé ma jeunesse de ses messages musicaux qui vibraient à mon oreille, surtout dans cette adolescence inconstante, comme des conseils d’amis. Il a été pour moi aussi un guide qui a orienté ma philosophie de vie. Ces mots demeurent encore si persuasifs qu’il m’arrive d’encore m’en inspirer. Georges, c’est un copain!

Christian Satgé
Membre
12 mai 2019 9 h 04 min

Un magnifique te vibrant hommage, Petite Belette, à un ours pas aussi mal léché qu’on le croit qui a bâti bien des vocations par ses évocations intemporelles et des textes qui seront éternels n’en déplaise à qui croit que deux guitares et une contrebasse ne font pas de la musique… ce sont les mots qui la font. Celle de Tonton Georges est immortelle comme tu le rappelles si bien ici…

Invité
11 mai 2019 20 h 56 min

Vous faites un bien bon tabellion Anne. Et lorsque c’est pour celui qui a accompagné ma jeunesse folle et m’a mené vers l’écriture, je ne peux qu’exulter. Je vais me taire pour ne pas vous entendre fredonner “Notre voisin l’ancêtre est un fier galant un peu emmerdant avec sa barbe blanche !” (je sais, j’ai mis le texte à ma sauce, mais je pense que maître Georges pardonnera). Merci pour cette beauté littéraire.

O Delloly
Membre
11 mai 2019 17 h 54 min

bel hommage. Me souviens que mon Père aimait ses paroles……hmmm
me souviens aussi de mon Temps que des “mecs” de ma connaissance le juraient tel Dieu
pourtant ceux-ci étaient de ma foi peu affables, même abjects et menteurs, mais ils oubliaient alors leur personnalité le temps d’une chanson……Comme quoi la musique adoucit les moeurs.
Je me rappelle aussi de ne pas l’avoir écouté du fait de ces personnages indélicats.
J’avoue l’avoir écouté bien tard, oui, il est différent et génial autant de sa plume que de sa voix

merci Anne
olivier