Bois aux abois – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Les faunes et sylvains s’inquiètent :
Une nuée couvre la forêt.
Les ménades, filles peu quiètes,
S’en ouvrent à ce bon et gras goret
De Pan qui règne sur ce bas monde.
Le pire est donc à venir, l’immonde
Serait ici à craindre selon
Le chèvre-pied. Oc les dryades
L’augurent au vol droit des frelons ;
Point de fredaine en la triade.

Aegipan ne peut pas plus calmer
Ces bacchantes ni tous les satyres,
Éternels amants de ces almées
Que tant d’Hommes pensent hétaïres
Ou simples furies. Si ce n’est pis…

La malebête, tout de dépit,
Hurle à la mort. C’est hélas présage
Sinistre et annonce de tourments
Se dit l’ogre grincheux. C’est l’usage,
En ce lieu, là si peu clément,
De se fier à qui jà tourmente
L’être humain en ces fort alarmantes
Heures. Aussi, on s’agite en ce bois,
On s’affole en bosquet, on se trouble
Aux hautes branches : on est aux abois,
Vain croquemitaine ou vil gras-double.

La nuée passe… Et, là, revient
Le soleil. Et la joie. Et Les rires.
Quelle leçon pour ces Sylviens ?
Prépare-toi donc toujours au pire
Ainsi, la vie te sera toujours
Bonne surprise… et chaque jour.

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© Christian Satgé – avril 2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
25 juin 2018 9 h 02 min

Voilà un texte très bien élaboré sur ce monde secret des croquemitaines , mais je n’ai pas peur de la flûte enchantée de Pan , je suis la Belle des Bois qui connaît tout de sa forêt, de ses mousses, et de la vie qui bouillonne sous les écorces ;Si on pose l’oreille sur le tronc, on entend la vie et la sève qui monte , Merci Christian, vous écrivez divinement bien,un vrai conteur .