Au soldat Jeannot ; 268ème d’infanterie
23ème compagnie
secteur postal 66
12 juillet 1916
Mon Jeannot, mon cher époux
j’ai enfin reçu ta lettre sur un papier de fortune, qui sent la poudre et l’humidité.
Ce n’est pas que la guerre qui t’accompagne, mais les rats qui s’engouffrent dans les tranchées, dans les gamelles, où les parasites se nourrissent mieux que les hommes. Des morceaux de chairs volent dans l’air, faisant feu d’artifice avant l’heure.
Je me souviens de la veille de ce maudit jour, je t’ai aimé comme une possédée, tu m’as possédée comme j’aimais.
Tu m’a écrit au milieu des bombes avec tes états d’âmes en bordure de tranchées. Tu as raison, à Verdun, il ne restera plus un brin de verdure, et les obus tomberont autant que vos sanglots.
Tu fleuris ces chants de batailles de tes mots d’amours, de tes pensées pour moi, tu as raison mon poilu, isole toi de ces malheurs et de la mort qui rode, semant l’amour au milieu de la misère.
La fleur au bout du fusil, le tambour ne cesse de clâmer votre courage, vous porterez vos âmes au pas militaire, morceau de bravoure accroché au bout d’un drapeau.
Déserteur de par ton cœur, je le garde entre mes mains précieusement.
Pense à nos nuits d’amour, de douceur, oublie les ténèbres.
Tant de malheurs si bien racontés dans tes lettres, les tranchées se remplissent de sang, de larmes, de pluies d’obus, de chemins de traverses, d’averses de cendres, de sang et de courage.
Au milieux des troupes, il se trouve des héros à ciel ouvert.
J’espère que cette lettre toute de rose vêtue, te parviendra, mon parfum se trouve au milieu de mes mots. Je te mets une Ronsard de ton jardin et une photo de moi, garde-la sur ton cœur.
Le verger est magnifique, tes roses n’ont jamais étés aussi belles.
Monsieur le curé te passe le bonjour et prit pour vous. Le Gaston s’est marié avec la Marguerite, mariage très discret, guerre oblige. Dans le village, la vie s’est figée.
Je t’embrasse mon époux en attendant de sentir tes bras autour de moi.
Ta femme qui t’aime.
A tous les militaires…
Je trouve que c’est une victoire, car j’en suis sorti vivant.
Un inconnu..
Anne Cailloux 2019 mai
Bravo Anne pour cet hommage fort émouvant, paix à son âme ce soldat et autres militants.
Bas les guerres et vive l’amour et la paix dans le monde.
Anne j’ai apprécié ce texte et je l’ai apprécié encore plus quand je l’ai relu pour la deuxième fois merci pour votre sensibilité
Agréable après midi
Mes amitiés
Bisous
Fattoum.
Texte poignant car témoignage probable.
‘il y a longtemps,un homme qui m’a été présenté comme étant ” viens voir c’est ton grand père ” m’ fait un cadeau. C’était un livre de Roland DORGELES : les croix de bois…..le premier passage que j’ai eu sous les yeux était “au secours, ici on assassine des hommes “plus tard à “la Communale ” j’ai voulu le montrer à l’Instite qui m’a répondu ” il ne faut pas parler de ça “. Ah bon?
telle une lettre del’époque, me semble t il
redoutable moment de souffrance
merci pour cet hommage, j’ai apprécié de la relire
Olivier