automne 2018 – Daniel Marcellin-Gros

Automne 2018

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Le soleil orgueilleux a fui les gros orages,

Laissant sa traîne d’or s’accrocher aux buissons,

Ce Roi, ce demi-dieu vexé par ces outrages,

Partira quelques mois vers d’autres horizons!

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L’automne aux tons dorés montrant toute sa grâce,

Profitera encor de ces tièdes rayons,

Tandis que les corbeaux tournoyant dans l’espace,

Guetteront les grains d’or jetés dans les sillons!

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De noirs épouvantails se bercent d’illusions,

S’ils croient que leurs guenilles feront peur aux oiseaux,

Bien que le vent agite vestes et pantalons

Rien ne peut rebuter corneilles et corbeaux!

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Dans les plaines lointaines les bœufs aux pas pesants,

Achèvent les sillons des terres labourables,

Qu’ils saignent en tirant sur leurs jarrets puissants,

La tête prisonnière dans un carcan d’érable!

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L’haleine de ces bœufs se mêle au brouillard,

En une fumée blanche sortant de leurs naseaux,

Tandis que le pécore rajuste son foulard,

Car il craint de couver un rhume de cerveau!

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Après les fortes pluies tombées des hauts nuages,

Une rivière gonflée de colère et d’orgueil

Déborde et emporte tout sur son passage,

Comme une mer furieuse bat et rebat l’écueil!

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Les champs en contrebas deviennent des étangs,

Des vaches indolentes viennent s’y abreuver,

Flagellant de leur queue les mouches et les taons

Les pattes antérieures par des bois entravées!

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L’automne s’enlumine de couleurs diaprées,

Préférant les plus vives aux violets héliotropes…

Les mousserons commencent à pousser dans les prés,

Et les vesses de loup déchirent leur enveloppe!

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Les cueilleurs se concentrent autour des ronds de bouse,

Là où les mycéliums peuvent s’épanouir,

Quelques boutons dorés transpercent la pelouse,

Et des beuglements sourds parfois se font ouïr!

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La forêt est très belle dans sa robe de couleurs,

C’est un havre de paix soignant les bleus à l’âme,

On y va calmement lénifier ses douleurs,

En pensant à l’amour que toujours on réclame!

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Or, notre mère nature partout nous accompagne,

Et nous laisse admirer ses jolis paysages,

Elle nous tend ses bras tout comme une compagne

Quand le cœur est serré comme en un sarcophage!

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Qu’il est doux de rêver à l’ombre d’un grand chêne

Quand un banc improbable trône sur ses racines,

On se sent tout à coup libérés de nos chaînes

Médusés et joyeux, de songes qui fascinent!

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C’est le retour en grâce des cœurs à l’abandon,

C’est un peu de coton sur les plaies les plus vives

C’est le bonheur vécu à deux sous l’édredon,

C’est la potion magique des âmes à la dérive!

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Mais l’automne est aussi la saison des vendanges,

Femmes et hommes riants vont cueillir le raisin,

Et les sécateurs crissent et les grappes se mélangent,

Tandis que les chansons tournent autour du vin!

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Les jours, anciens colosses, deviennent myrmidons,

Ils apportent avec eux les gelées matinales,

Telles des larmes de roses qu’on laisse à l’abandon

Et qui perdront bientôt leurs flamboyants pétales!

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Quand le soleil se couche, et embrase l’horizon,

La lune prend sa place, mais sa faible lueur

Freine des belles de nuit les pâles floraisons

Mais au matin frileux elles fermeront leur cœur!

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Or dès potron-minet, la vie ouvre ses portes,

Les poivrots titubant regagnent la maison,

Ils y trouvent une chandelle pleurant et quasi morte,

Et leur bouche renvoie de louches exhalaisons!

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Sur le tas de fumier un vieux coq s’égosille,

Et son cocorico chante mieux qu’une horloge,

Il appelle au travail les hommes et les filles

Dont bien des citadins devraient faire l’éloge!

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Les vaches s’impatientent de voir les pâturages,

Et beuglent comme si elles mourraient de faim,

Tandis que le pécore donne un peu de fourrage

Une vieille au rouet, tire des fils sans fin!

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Cette femme dans l’enfance, sans cesse déblatère

Admonestant son fils qui ne la comprend pas,

Car son unique souci est d’aller sur ses terres,

Y conduire le troupeau qui le suit à grands pas!

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Sur le chemin pierreux, la marche est difficile,

Les sabots du bonhomme, en des sons discordants,

Claquent comme quand il se dirige en ville,

Le chien sur les talons, la langue sur les dents!

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Comme la vie est dure pour tous ces cambroussards!

Quand il faut empoigner la hache fermement

Et abattre sans faiblir des énormes fayards,

L’automne devient alors le leurre qui vous ment!

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Il en faut du courage pour gagner sa pitance,

Se lever sans penser à tous les lendemains,

Avaler du café et manger du lard rance,

Atteler la charrue et cracher dans ses mains!…

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…Les chasseur sans vergogne harcèlent un grand cerf,

Et la meute enragée, sous le ciel qui pâlit,

Va combattre la bête jusqu’à son dernier raire,

Et le sonneur de cor jouera le hallali!

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©D Marcellin-Gros

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1 Commentaire
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Invité
31 août 2018 23 h 11 min

Bravo Daniel un beau et log poème descriptif d’un Automne qui vient de mettre ses ailes. Dans une nature de multiples façades et objectifs, on observe et on griffonne nos impressions
Très belles images
Douce nuit
Mes amitiés
Fattoum.