Au coeur de la nuit (ben mustapha nicolas)

Les pendules se sont mises à l’arrêt, un an et trois mois plus tôt, lors de cette fraîche nuit de février, peu après minuit.

C’est à ce moment triste, dans les ténèbres d’une nuit pourtant étoilée, sous le halo lumineux d’un vieux réverbère qui inondait ces vieux pavés, aux abords du bar qui toise l’université, que je l’aperçus pour la dernière fois.

L’éclair brillant de ce regard azur. Ces yeux d’un bleu électrique qui m’avaient toujours fait l’effet d’un raz de marée en mon for intérieur. Cet abîme bleuté et marin, celui de ses iris flatteurs, dans lesquels j’avais craint durant de longues années, de plonger mon propre regard, avant d’oser un jour de faire un pas vers cette femme que j’idolâtrais.

Il y eut une série de chocs sourds, lesquels s’enchaînèrent à mesure que je saisissais l’impact nocif de mes paroles venimeuses, où se lièrent colère, frustration, mépris et déception.

En une fraction de secondes, j’avais foulé du pied le peu d’affection que j’avais jamais su susciter chez Elle. La fragile concorde qui m’unissait à elle, vola en éclat une énième et dernière fois, comme la singularité même de notre relation. Mes rêves de doux amants romantiques partant en fumée, ne laissant place qu’à ma piètre qualité d’ami. Ami fou amoureux, qui se rêvait amant passionnel.

Une affreuse colère, peut-être mêlée d’une infinie déception, seulement égalée par l’aversion qu’elle me vouait, se reflétait alors dans ses beaux yeux terrifiants.

Moi, le regard humide. Elle, la mine sévère. Je ne reconnaissais plus son regard enchanteur et enchanté, que surplombait ces sourcils d’un noir presque de jais, contraste que j’adorais jusqu’ici et par dessus tout, à l’égard surtout de sa chevelure blonde apollinienne.

Cette nuit là j’ai songé à la première fois où j’eus la chance de poser mes yeux sombres sur Elle. J’ avait été frappé par la foudre, au premier instant, devant le porche de l’université. Le cœur en vrac. Je me disais alors qu’être frappé de la sorte n’avait rien de tragique. Au contraire, le monde devenait terriblement beau. Cette nuit là, l’orage avait frappé à nouveau. J’étais au cœur de la tempête, et c’était à mon sens, cette fois-ci, tragique.

Chaque jour me semble plus gris et plus sombre que le précédent. En mon cœur règne un froid âpre et perpétuel qui ne cesse de s’affirmer à mesure que mon monde se meurt. Cette belle blonde au regard profond avait toujours été comme une faible lueur, au loin, illuminant de peu les sombres ténèbres qui demeuraient, encore et toujours.

Cette nuit là, j’eus vite fait d’étouffer ce chaleureux foyer, seule source de chaleur au cœur de l’obscurité qui me singularisait. Cette nuit là, elle se détourna définitivement de moi et du peu d’amitié dont j’avais su faire preuve malgré le profond amour que je lui vouais depuis des années. Depuis, le silence de sa personne demeure son ultime présent.

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