ATIPAYA
« Atipaya », journal de combat pour la défense des indiens de Guyane se transforme.
Il sera désormais l’organe du« mouvement transnational Atipaya pour la vigilance et
l’action contre les génocides », Atipaya étant le nom d’un enfant Amérindien.
Pour se convaincre de la nécessité d’un tel mouvement, il suffit de lire quelques lignes du nouveau bulletin :
Cette année même, aux confins orientaux du Pérou et de la Colombie, plusieurs
campements indiens ont été bombardés au napalm par des planteurs d’hévéa…
Des tribus entières ont été exterminées à la grenade et à la dynamite
par des équipes de tueurs professionnels.
18000 indiens ont ainsi péri durant les quinze dernières années parce qu’ils occupaient
des territoires riches en pétrole, en uranium ou en métaux rares et que leur présence
entravait la libre et fructueuse exploitation de ces richesses naturelles
Tu es tout nu
Mais sous ta case
Pousse la pierre
Qui emporte l’homme aux étoiles.
Ils sont venus
Sans une phrase
Chasser tes frères
Au nom d’une blanche morale.
Atipaya
Quand tu entendras les gringos
Bardés de fruits d’enfer
Grenades
Quand tu les verras, blancs héros
Aux bâtons de tonnerre
Brigades
Atipaya
Ne cherche pas à leur parler
Ils ont trouvé leur port
Enfer
N’essaye pas de les tuer
Ils étaient déjà morts
Hier
Tu es tout nu
Et sur ton cœur
La fleur de sang
Dévore ton reste de flamme
Ils sont venus
Profanateurs
En conquérants
Passer une vie par les armes.
Atipaya
Je n’aurai pas assez de temps
Pour éveiller mon frère
Qui dort
Et mon fils aura eu cent ans
Avant de les faire taire
Remords
Atipaya
C’était ton nom
Chez les indiens
Avant l’ère du vol
Atipaya
De toi, il ne reste plus rien
Dans les champs de pétrole.