Appareillage pour l’évasion – Christian Satgé

              

Îlot de solitude au cœur des habitudes,
Je me naufrage pour fuir mon âge et ses maux,
Robinson des sensations dans l’aube ébauchée,
Sombrant sur des rivages au rimage enroché.
Et puis, au fil des pages, en fier Nemo des mots,
Je pars à l’abordage d’autres latitudes.
 
Étrave au vent, j’écume des tropiques neufs ;
Sale caractère, je prends au mot, la mouche :
Je jette l’ancre pour un sonnet malsonnant
Et pis, bouillonnant, pour un seul son dissonant
M’embarque de conserve pour quelque escarmouche,
Croisant sans entrave sur des horizons veufs.
 
Même si je glisse vers de profonds abysses,
Flotte le pavillon du verbe aux mâts des mots,…
Et gonflant, au vent des muses qui se défilent,
Mes voiles vernissées de vers tissés, je file,
Cinglant au long cours, de vagues en lames, ou, des maux 
À l’âme, je cabote aux cahots qui s’esquissent.
 
Pour prendre aux épaves quelque rime arrimée,
Au phare de la métaphore, j’arraisonne :
La consonne qui sonne en bordées accordées,
La voyelle rebelle aux haubans encordée,
M’offrent un coffre : la phrase jase et résonne 
Au mètre près !… Puis, elle s’échoue, abîmée…
 
© Christian Satgé – avril 2012

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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