Les animaux pas dans leur assiette – Christian Satgé

                  Petite fable affable

       © Christian Satgé –  février 2018

Dans le petit jardin d’acclimatation,
Quelques bêtes ont trouvé une belle assiette
Qui jette l’effroi ou la consternation.
Comment ce joli petit plat à coquillettes,
En vraie faïence et au rural décor anglais,
Est-il arrivé jusque là ? C’est un mystère !
Dès lors, qu’en faire ? C’est un débat… à régler
Entre ces fils et ces filles de notre Terre.

Les paons qui goûtent à la discrétion
Comme leur plumage, fort modeste, en atteste,
Tenaient qu’il fallait entourer d’attentions
Un pareil trésor mais le singe, folle teste
Comme on sait, voulait, lui, à tous, l’exposer,
Ajoutant que son opinion était de prime
Intérêt car son cerveau, certes peu posé,
Était plus gros que celui d’oiseaux simplissimes.

 
Le zèbre dit qu’enterrer la chose trouvée
Serait sage car plus massif que ces atèles
Sa cervelle, plus que les lobes d’énervés
Bruyants et déphasés, faisait dans la dentelle
Étant de bon conseil à qui l’entendre sait.
Les jeux d’ego des bêtes valent ceux des hommes !
Le cheval, plus grand donc plus réfléchi, lassé
Lança qu’assiette vide ne vaut pas pomme !
 
Mais les paons se refusant à un pareil mépris
Voulurent clore cette discussion : « Puisque
Tête bien pleine et bien faîte a pour prix
Une taille proportionnelle, sans risque
D’erreur, c’est à l’éléphant qu’il faut mander
Son opinion ! » ce qu’on fit. Le pachyderme
Hélas mit les pieds dans le plat, entendez
Qu’il le brisa. La polémique eut ainsi terme.
 
Sommes-nous moins stupides que ces insensés
Quand nous mesurons l’intelligence à la taille
Et offrons au plus musculeux pouvoir sans faille ?
Cela va avec les conséquences qu’on sait !
 
 
 
 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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3 Commentaires
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Invité
23 février 2018 21 h 12 min

Merci et bravo Christian très belle méditation poétique
Douce nuit
Mes amitiés
Fattoum.