Ah, la ferme… ! – Christian Satgé

Petite fable affable

Guillaume est abattu depuis qu’un vil renard
Lance ses terribles assauts contre sa poulaille.
Cette bête, la nuit, sans un bruit, bataille
Contre la faune de sa cour et la boustiffaille
Ne laissant, au matin, que des plumes et quelques os
Comme réparations de guerre. Saligaud !

Guillaume partit chez son bon voisin l’Alexandre
Qui lui vendit le remède miracle à ce mal :
Un chien !… Arme fiable, prête à tout défendre,
Sentinelle fidèle qui repousse l’intrus, animal
Comme humain. Le renard le comprit et, bien vite,
Il ne revint plus jouer les pillards moscovites.

La paix revint donc sans ce sanguinaire assassin
Mais, hélas, le bon toutou avait une marotte :
Il hurlait à la lune tous les soirs à dessein
Pour saluer Séléné sortant de sa sombre grotte.
Mais le roi coq ne l’entendait pas de cette ouïe :
Aimer l’astre nocturne est un blasphème inouï !

« Halte là, Maitre Cabot !… Quoi qu’en pense le maître,
Qui ne dit mot ni miette à tous vos hurlements,
Je vous ordonne de les cesser céans ou vos guêtres
Vous les traineraient ailleurs sous peu incessamment :
Il n’y a qu’au Soleil que l’on doive rendre hommage
Ici, c’est ordre divin sous peine de dommage ! »

Médor fit le dos rond aussi contrit que surpris
Mais chasser le naturel… Il aboya de même
À peine la nuit tombée et en paya cher le prix.
Son exil précéda le retour du renard qui aime
Toujours, las, poules, poulettes, chapons et poussins.
Guillaume ne put rien y faire sans son roussin

Que t’importe ce que pense ou dit le seul recours
Qui s’offre à toi matin : l’important est le secours
Qu’il apporte non sa façon de te faire la Cour
L’efficacité, ma foi, doit aller au plus court !

© Christian Satgé – septembre 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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OberLenon
OberLenon
Invité
2 décembre 2019 14 h 10 min

Quand l’imagination s’associe à la tournure d’esprit …vous êtes vraiment un fabuliste incontournable

Brahim Boumedien
Membre
28 novembre 2019 12 h 16 min

Merci, Christian, pour ce partage intéressant et utile !

Invité
28 novembre 2019 11 h 51 min

Vos idées germent et se traduisent en un texte drôle et plaisant. Merci Christian.